Sale temps pour le climat

Bulles de méthane enfermées dans la glace, Sibérie. Photo: Miriam Jones

Bulles de méthane enfermées dans la glace, Sibérie. Photo: Miriam Jones

Pendant longtemps, la fonte du pergélisol (en anglais permafrost), ce sol gelé en permanence durant plus de deux ans et qui représente 24% de l’hémisphère Nord, a surtout été vue comme libérant du méthane (CHâ‚„). C’est en effet le cas, comme les scientifiques russes, avec d’autres, l’ont constaté. Le méthane est un gaz à effet de serre dont la durée de vie est moindre que celle du dioxyde de carbone (COâ‚‚), mais les effets bien plus puissants.

Or, comme le dégel du pergélisol est récent, il ne peut pas expliquer l’augmentation rapide de la présence de méthane de l’atmosphère, constatée dès 2007, mais allant s’accroissant depuis 2014. Depuis cette date, le méthane a augmenté deux fois plus vite que durant la période 2007–2014. Comme une partie de cette hausse s’est manifestée au niveau des tropiques, où il n’y a évidemment pas de pergélisol, on ne peut attribuer à sa fonte l’exclusivité de cette croissance. Prudemment, les scientifiques se rabattent sur l’hypothèse d’une combinaison de processus.

Le méthane ne sera pas le seul produit du dégel du pergélisol. On sait maintenant que celui-ci libérera aussi du COâ‚‚ et cela en très forte quantité, peut-être jusqu’à dix fois les émissions de gaz carbonique de l’année 2016. Des émissions qui pourraient toutefois être réduites par la croissance des plantes sur le sol dégelé.

Plus inattendu, on a pu constater que la fonte de ces terres glacées libérait aussi du protoxyde d’azote (Nâ‚‚O), autre gaz à effet de serre. Couramment appelé gaz hilarant, il ne fait rire personne, en l’occurrence. Une étude, qui doit être confirmée, indique que les émissions d’un mois atteignent le seuil annuel estimé jusqu’alors.

Ces nouvelles sont d’autant plus inquiétantes que les calculs du GIEC n’ont jamais pris en compte les effets de la fonte du pergélisol. DS