PrEP, dépistages et traitements d'IST

PrEP, dépistages et traitements d'IST : Gratuité maintenant!

Une motion pour une politique ambitieuse de lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles vient d’être déposée au parlement genevois par Ensemble à Gauche (EàG). Objectif: zéro nouvelle contamination au VIH d’ici 2022 et une baisse drastique de toutes les infections sexuellement transmissibles (IST).

Truvada

P our y parvenir, nous voulons la gratuité des dépistages de toutes les IST pour toute la population ainsi que la gratuité de la PrEP (Prophylaxie Pré-Exposition au VIH) et des traitements d’IST en faveur des populations à risque ou vulnérables. Après avoir été pionnier dans la lutte anti-VIH dans les années 90 en important des trithérapies sans autorisation fédérale, Genève peut aujourd’hui lancer un programme ambitieux de lutte contre le VIH et les autres IST! EàG dépose aussi une résolution exigeant de Berne le remboursement de la PrEP par la LAMal et la gratuité totale, sans franchises ni quotes-parts, des moyens de prévention, de traitement et de dépistage des IST.

La PrEP rejoint la capote dans la lutte contre le VIH

La Prophylaxie Pré-Exposition au VIH (PrEP), pouvant être prise en continu ou par intermittence, est un outil efficace de plus pour réduire les risques de transmission du VIH. En Suisse, l’autorisation de prescrire le Truvada comme traitement préventif depuis 2016 a en partie contribué au recul le plus significatif des nouvelles infections depuis l’an 2000, moins 16% en 2017.

Réjouissant, mais on peut faire mieux! Les villes connaissant des reculs encore plus importants, comme San Francisco qui a vu une baisse des nouveaux cas de 60% en 10 ans, ont lancé des programmes de santé alliant gratuité des moyens de réduction des risques (préservatifs, PReP, indétectabilité…) et dépistages, avec un accès garanti aux traitements et une lutte contre la stigmatisation des personnes infectées.

Swissmedic, pharmas et LAMal bloquent les progrès

Les progrès ne sont pas aussi importants en Suisse. En cause: difficultés d’accéder aux traitements pour les personnes précaires infectées, absence de remboursement de la PrEP par l’assurance de base, et le brevet, récemment prolongé par le TF, dont bénéficie le Truvada.

La politique de santé publique helvétique protège les pharmas avant la santé de la population! Le coût de la PrEP est très élevé en Suisse (environ 1000 francs mois) et les personnes désirant suivre ce traitement préventif doivent cherchent à l’étranger des génériques à prix acceptable (moins de 50 francs par mois).

Contourner le brevet et ses protecteurs

En outre, une restriction de plus apparaît en 2019. Swissmedic réduit le droit d’importer des traitements de trois à un mois! Décision absurde entravant l’accès à la PrEP, le limitant en particulier pour les personnes précaires. Pour en finir, la motion d’EàG réclame que Genève contourne à nouveau les règles fédérales, comme en 1996, en important des génériques du Truvada à mettre à disposition gratuite des populations à risque et vulnérables.

Julien Repond

Lesbiennes invisibilisées

Si on cherche Lesbienne sur Google, n’apparaissent que des sites pornos. Preuve que l’invisibilité des femmes lesbiennes, bies et autres femmes ayant des rapports avec des femmes (FSF) perdure. On estime pourtant qu’elles sont 3 à 6% de la population, soit de 100 000 à 200 000 femmes en Suisse.

Contrairement à la pornographie, la santé publique n’en fait pas une priorité. En effet, on aura de la peine à trouver un couple de femmes sur les visuels de campagnes de prévention en santé sexuelle. Il est dur de trouver des professionnel·le·s de santé ayant des infos pertinentes et une attitude non discriminatoire. Il est complexe de faire des recherches dans la littérature scientifique pour comprendre les besoins spécifiques de cette population.

Cette invisibilité systémique a des conséquences sur la santé. Par rapport à la population générale, les FSF ont une consommation de cannabis et de tabac plus forte, une consommation à risque d’alcool plus importante, un risque de suicide plus élevé, un risque de discrimination et de violence accru, mais elles consultent bien moins les services de santé sexuelle et gynécologique…

En plus de leurs problématiques de santé spécifiques, les femmes FSF n’ont pas les mêmes droits que la population générale, tout en ayant les mêmes devoirs. S’il existe quelques ressources pour répondre aux besoins de santé des FSF, elles viennent la plupart d’initiatives individuelles ou d’associations aux moyens limités. L’invisibilité est une violence aux conséquences délétères sur la santé des FSF. C’est pourquoi, il est impératif de réaliser des études de santé publique sur les besoins spécifiques de cette population et de mettre en œuvre des politiques pour y répondre.

Naomi Portella