Pour une assurance maladie solidaire sur le modèle de l'AVS-AI

Aujourd’hui, les coûts de la santé pèsent lourd sur les ménages, avec une absence presque totale de répartition solidaire entre les revenus. Pourtant, un autre modèle serait facilement envisageable.

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« Une assurance maladie solidaire de ce type serait en trèss bonne position pour mener une bataille efficace contre les « pharmas »… (Photo du siège de Novartis

 En 2017, selon les chiffres provisoires de l’OFS, les dépenses de santé prises en charge par les collectivités publiques, par l’assurance maladie obligatoire et directement par les ménages, auxquelles il faut encore ajouter 5,4 milliards, financés par des acteurs privés (assurances complémentaires diverses), se montaient à 82,5 milliards de francs.

Sur ce total, les collectivités publiques ont pris en charge 24,2 milliards, l’assurance maladie obligatoire 25,6 milliards et les patient·e·s, directement, 27,6 milliards.

Les coûts de la santé incombent donc pour un petit tiers aux collectivités publiques, soit à une fiscalité progressive (les privilégié·e·s paient infiniment plus que les contribuables les plus modestes). Les deux tiers restants pèsent directement sur les ménages, que ce soit sous forme de paiements directs ou de primes d’assurances obligatoires, ce qui traduit une absence presque totale de solidarité.

Les quelques points de pourcentage restants sont acquittés par des assurances facultatives privées, dont bénéficient généralement les privilégié·e·s.

Vers un mode de financement solidaire

Pour couvrir la part que représentent les cotisations à l’assurance maladie obligatoire, dont s’acquittent 8,3 millions d’assuré·e·s de tous âges, (25,6 milliards en 2017), il suffirait d’une cotisation paritaire de type AVS–AI de 3,45% (autant pour l’employeur) – sensiblement inférieure pour les indépendant·e·s. Cela représenterait une contribution de 217 francs pour un salaire médian suisse de 6300 francs. De plus, les enfants, les jeunes aux études et les retraité·e·s seraient couvert·e·s par les personnes actives sans avoir à cotiser.

Allons plus loin… S’il fallait que cette nouvelle assurance de type AVS–AI prenne en charge l’ensemble des frais de santé assumés aujourd’hui par l’assurance obligatoire et directement par les patient·e·s (primes, dépenses non remboursées, franchises, frais dentaires, etc.), la retenue sur les salaires se monterait à 7,2% (autant pour l’employeur). Pour un salaire suisse médian de 6300 francs, cela représenterait une retenue de 454 francs par mois.

Bien entendu, une assurance maladie solidaire de ce type serait en très bonne position pour mener une bataille efficace contre les « pharmas », ainsi que contre le lobby des cliniques privées et de la médecine libérale, pour réduire les coûts de la santé en améliorant la qualité des soins et en garantissant leur accès à toutes et tous.

Jean Batou