L'horizon de la convergence des grèves

Lors de la première rencontre de la coordination écoféministe romande, des militant·e·s de la Grève du Climat et de la Grève féministe avaient conjointement présenté un texte d’appel à la convergence des luttes ; un court extrait permet d’illustrer les enjeux d’une telle confluence.

ecofeministe
Manifestation nationale pour le climat, Berne, 28 septembre 2019
Sandrine Gutierrez Grise

« Pour résister, il faut désormais nouer des alliances solides les un·e·s avec les autres, pour pouvoir abattre ce système qui nous opprime tou·te·s, nous vole notre futur et voudrait utiliser les luttes des un·e·s comme excuse pour marcher sur les autres. En effet, si le Conseil fédéral met en œuvre ces réductions d’émission de gaz à effet de serre, ce sera sans aucun doute en couvrant, par exemple, ce qui restera des terres arables de monocultures à biocarburants, terres cultivées à 75% par des femmes*, dont nous savons tou·te·s ce qu’elles risqueront tout au long de la migration qui leur sera ainsi imposée.

Bien évidemment, cela passera également par des taxes sur l’essence. Mais quelles sont les personnes qui ont principalement besoin de la voiture pour emmener les enfants à l’école, à la crèche et, en retournant à la maison, qui fait les courses, qui va s’occuper des beaux-parents, quand ils se sentent seul·e·s ; qui paiera cette transition écologique?

Par conséquent, il est plus que jamais important d’annoncer, maintenant, que les femmes*, déjà les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique, ne paieront pas le prix économique, social et psychologique de la transition écologique. Sans justice climatique, il n’y aura pas de justice féministe, et sans justice féministe, il n’y aura pas de justice climatique. Nous devons lutter ensemble contre le réchauffement climatique, qui renforcera les inégalités. Et nous devons lutter ensemble pour que la transition écologique ne reproduise pas les inégalités. »

S’il n’est pas question de fusionner les deux mouvements, il est aujourd’hui crucial d’opérer de fortes convergences pour mieux comprendre les fondements et les structures du système capitaliste et patriarcal, pour échanger sur nos différentes expériences et modes d’actions et ouvrir de nouveaux champs des possibles.

À ce titre, plusieurs actions communes sont déjà prévues, notamment pour la journée du Black Free Day du 29 novembre, de même qu’à l’occasion d’une journée de formation visant à poser les bases théoriques d’un potentiel manifeste commun, visant à mobiliser massivement pour les prochaines échéances, à commencer par la mobilisation féministe du 8 mars et la grève générale écologiste du 15 mai 2020.

Steven Tamburini