Iran

Nouvelles protestations populaires

Des manifestations populaires massives ont éclaté dans de nombreuses villes du pays pour dénoncer la cherté de la vie et remettre en cause la classe dirigeante actuelle.

Farnaz Fassihi
Manifestation à Téhéran, 19 novembre 2019
Farnaz Fassihi

Le gouvernement iranien a annoncé une baisse des subventions à l’essence vendredi 15 novembre. Avec cette mesure, son prix augmentera de 50%, passant de 10 000 à 15 000 rials (11 centimes d’euro) pour les 60 premiers litres achetés chaque mois, et de 300% au-delà. En contrepartie, les autorités iraniennes promettaient que les recettes dégagées par cette réforme bénéficieraient aux 60 millions d’Iranien·ne·s les moins favorisé·e·s (sur une population totale de 83 millions d’habitant·e·s) dans un futur proche, mais sans aucune date précise.

Cette mesure s’ajoute à la dépréciation de la monnaie iranienne et à la flambée des prix du pain, du riz et d’autres produits de première nécessité, qui suscitent de plus en plus de frustrations au sein des classes populaires. Les sanctions des États Unis contribuent à ces problèmes socio-économiques, mais n’en sont pas l’unique cause. Il ne faut pas oublier les politiques d’expansions régionales coûteuses de Téhéran, notamment son intervention en Syrie au côté du régime despotique d’Assad.

Propagation de la révolte

L’annonce de cette mesure a provoqué des manifestations qui se sont propagées dans toute la République islamique d’Iran. Au moins 100 banques et des dizaines de bâtiments et de voitures ont été incendiés, tandis que des slogans demandant le renversement du Guide de la République islamique et du régime se multipliaient.

Il s’agit des plus importantes mobilisations populaires depuis la fin de l’année 2017. À l’époque, plus de 80 villes et villages avaient été marqués par des manifestations massives dénonçant les problèmes socio-économiques du pays et le régime politique des Mollahs.

La répression mise en œuvre par les organes sécuritaires du régime islamique de Téhéran n’a pas tardé, avec les Pasdaran (les gardiens de la Révolution) en tête. Selon diverses organisations de défense des droits humains, il y aurait déjà plus de 100 morts et près de 400 personnes arrêtées depuis le début des mobilisations.

Les autorités ont également tenté de faire taire la contestation par une coupure quasi totale d’internet. Le but du gouvernement était d’empêcher à la fois l’utilisation des médias sociaux dans le cadre de l’organisation des rassemblements, et la diffusion des vidéos mais aussi de restreindre la communication via les applications de messagerie instantanée.

Téhéran a une nouvelle fois accusé les États-Unis d’être derrière les manifestations et a dénoncé « l’ingérence de Washington dans les affaires intérieures » iraniennes. De son côté, le guide de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a incriminé les opposant·e·s iranien·ne·s et étrangers·ères, dénonçant les manifestant·e·s qui ont attaqué et incendié des biens publics en les qualifiant de « voyous » et de « hooligans ».

Le pouvoir autoritaire et injuste des Mollahs est remis en cause à l’intérieur du pays par ces manifestations, mais également à travers les mobilisations populaires massives au sein des pays de la région dans lesquels Téhéran exerce une influence importante comme au Liban et plus particulièrement en Iraq.

Joseph Daher