La matraque comme seule réponse

Le matin du 17 janvier, lors de la manifestation de la Grève du climat à Lausanne, une manifestante a été violemment jetée au sol par un policier. Un acte de violence qui s’inscrit dans le durcissement de la répression de la police lausannoise depuis quelques mois, vis-à-vis des mouvements sociaux.

Capture d’écran de l’une des vidéos qui témoignent de la violence policière lors de la manifestation

Ce virage répressif se manifeste depuis par l’interpellation et l’arrestation musclée de plusieurs militant·e·s de la Grève du climat lors de manifestations. On retient notamment celle, très médiatisée, d’un militant écologiste, pourtant pacifique, lors de l’occupation de la rue Centrale, le 14 janvier dernier à Lausanne.

Par ailleurs, plusieurs militantes féministes, dont certaines membres du collectif de la Grève féministe Vaud, ont également été interpellées la nuit du 24 novembre, à l’occasion d’une action de collage pour dénoncer les féminicides, dans le cadre de la journée contre les violences sexistes. Toutes ont été amendées et témoignent avoir subi intimidations, menaces et humiliations de la part de policiers durant leur interpellation.

La dynamique ne semble pas uniquement vaudoise : d’autres militantes relatent des événements similaires lors de la manifestation du 25 novembre devant l’ONU à Genève, toujours contre les violences sexistes, où des policiers les ont ouvertement menacées de violences.

Si l’intensification des mouvements sociaux en Suisse rend visibles les violences de l’institution policière, celles-ci représentent le quotidien de personnes discriminées, non-blanches ou pratiquant la mendicité. Contrôles au faciès, arrestations abusives, violences verbales et physiques (dont certaines se soldent par la mort des prévenu·e·s !) sont des révélateurs d’un racisme structurel qui caractérise cette institution.

Ces pratiques doivent être combattues fermement et dans toutes les situations. De même qu’elles servent à maintenir des catégories sociales dans une situation de domination et d’oppression, elles visent aujourd’hui à casser des mouvements sociaux larges et populaires, dont la défiance vis-à-vis des pouvoirs en place s’affirme avec toujours plus de détermination. Cette répression révèle en ce sens que ces mobilisations prennent de l’ampleur et peuvent constituer une menace pour les dominant·e·s, qui n’ont d’autres réponses à leur apporter que celle de la matraque.

Il apparaît donc crucial de revendiquer le droit pour toutes et tous d’occuper la rue et l’espace public, sans risquer de se faire brutaliser. Pour continuer de mobiliser largement, les mouvements sociaux gagneront à s’organiser en solidarité avec les personnes quotidiennement discriminées, en thématisant et en dénonçant ces pratiques abusives, au service du maintien de l’ordre capitaliste, patriarcal et raciste.

Léa Schilter