La liquidation de la question palestinienne

Manifestation à Ramallah, février 2020

Le 28 janvier à Washington, un soi-disant « plan de paix » pour le Proche-Orient a été présenté par le président états-unien Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en l’absence notable de la partie palestinienne. Ce plan constitue une nouvelle tentative de liquidation de la question palestinienne.

Ce plan de paix promet à Israël la souveraineté totale de Jérusalem et d’une grande partie de la Cisjordanie occupée (plus de 40 %) par l’État israélien depuis 1967, dont la vallée du Jourdain. Cette langue de terre stratégique à la frontière jordanienne deviendrait ainsi sa nouvelle frontière orientale et représente l’essentiel des terres fertiles et des réserves d’eau. Le plan soutient également l’annexion de colonies israéliennes en échange du transfert de souveraineté vers un futur éventuel État palestinien de 14 villes et villages de palestinien·ne·s qui se trouvent à l’intérieur de l’État d’Israël.

Jérusalem-Est resterait la capitale indivisible de l’État d’Israël dans la continuité de la décision de transférer l’ambassade des États-Unis à Jérusalem en novembre 2017.
L’éventuel État palestinien ressemblera donc aux bantoustans de l’Apartheid sud-africain avec une seule « frontière » directe avec un autre État, l’Égypte (à Gaza), sur laquelle Israël aurait
un droit de regard au moyen d’« arrangements spécifiques » avec l’Égypte. L’État palestinien devrait également être démilitarisé.

De plus, le droit au retour des palestinien·ne·s est complètement bafoué, car le plan encourage leur intégration dans les pays dans lesquels ils·elles résident (avec l’accord de l’État hôte), ainsi que l’intégration de 5000 réfugié·e·s par an pendant 10 ans dans les pays membres de l’Organisation de coopération islamique (avec l’accord de ces pays). Le plan prévoit bien la possibilité pour les Palestinien·ne·s d’une intégration dans le futur État palestinien, mais sous la condition que ce « retour » soit régulé par un comité conjoint israélo-­palestinien. Les espoirs sont donc très limités au vu des politiques israéliennes coloniales et racistes.

Contre toutes ces concessions palestiniennes, le plan de Trump promet aux Palestinien·ne·s un investissement de 50 milliards de dollars comme forme de compensation de leurs efforts pour parvenir à la paix. Le plan ne dit pas clairement qui va payer la facture et se contente de parler d’un fonds international qui fournirait les 50 milliards promis. En organisant leur présentation économique du plan à Manama, en juin 2019, les États-Unis avaient fait comprendre qu’ils s’attendaient à ce que les monarchies du Golfe avancent les sommes promises.

Les détails du plan s’inscrivent sans surprise dans la continuité de la politique amorcée par le gouvernement Trump depuis son arrivée au pouvoir. L’objectif est de mettre fin à la cause palestinienne et de renforcer l’alliance des États-Unis avec Israël dans la région.

Les classes populaires palestiniennes ont marqué leur rejet du plan de Trump en organisant des manifestations dans les territoires palestiniens occupés de la Cisjordanie, ainsi que dans la Bande de Gaza. Cinq Palestiniens sont déjà morts à cause de la répression des forces d’occupation israéliennes.

Face à cette nouvelle opération de liquidation de la question palestinienne, réaffirmons notre solidarité et notre soutien avec la lutte du peuple palestinien pour sa libération et l’émancipation contre l’État d’apartheid, raciste et colonial d’Israël soutenu par les puissances internationales impérialistes.


Joe Daher