Examens

Le Conseil d’État recule

Alors que le gouvernement défendait depuis des semaines le maintien des examens écrits de maturité, il y renonce soudainement. Plusieurs éléments expliquent cette décision.

Examens
Le système éducatif fribourgeois est-il tellement insuffisant qu’il ne peut évaluer les élèves qu’au moyen d’examens?

Le 24 avril, le Conseiller d’État Jean-Pierre Siggen annonçait, avec une certaine fermeté, le maintien des examens de maturité dans le canton de Fribourg, une des rares exceptions dans le pays. La quasi-totalité des collégien·ne·s de dernière année, les classes de passerelle DUBS ainsi que des parents d’élèves se sont mobilisés pour demander au Conseil fédéral que l’égalité de traitement soit appliquée et donc de faire annuler les examens, comme l’ont fait la plupart des autres cantons.

Cette mobilisation fribourgeoise a été victorieuse puisque lors de sa conférence de presse du 5 mai, la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport a annoncé qu’elle renonçait aux examens finaux pour les dernières années gymnasiales. Des examens de rattrapage pour ceux et celles dont les notes actuelles ne permettraient pas d’être promus seront mis en place. 

S’il est difficile de dire ce qui a fait reculer Siggen, il est cependant clair que le front uni étudiant seul n’a pas suffi. C’est aussi le manque de légitimité d’une telle différence de traitement qui a pesé lourd. Il aurait fallu la baser sur une différence de nature entre les élèves de Fribourg et celles·ceux des autres cantons, à l’inverse du bon sens. Ou alors dire que le système éducatif fribourgeois est tellement insuffisant qu’il ne peut évaluer les élèves qu’au moyen d’examens, soit avouer un manquement de la part des autorités. Mais il ne serait nullement justifié que les élèves doivent payer pour ce manquement. C’est notamment ce que la lettre envoyée au Conseil fédéral a souligné.

Il reste néanmoins une catégorie mobilisée qui n’a pas bénéficié de ces annulations : les passerelles DUBS. Ces classes sont majoritairement composées de personnes ayant suivi des apprentissages, souvent issues des classes moyennes et populaires dont le taux d’échec, par une logique hyper-sélective, atteint 70 % dans le canton contre 6 % pour le monde collégien. Cette inégalité ne reste pourtant pas sans critique, puisqu’une mobilisation interrégionale se prépare pour demander que les élèves de cette passerelle ne soient pas traite·é·s comme des collégien·ne·s de seconde zone.

Maxence Kolly