Droits et santé sexuels et reproductifs

Ne baissons pas la garde

La crise du Covid-19 entraîne déjà des violations des droits et de la santé sexuels et reproductifs des femmes et des filles dans le monde entier.

Droits reproductifs, illustration

Les conséquences dramatiques des politiques néo–libérales ayant creusé les inégalités, y compris dans l’accès aux soins, et ayant affaibli ou démoli les systèmes de santé publics, couplées à une montée des populismes, fondamentalismes religieux, et courants conservateurs, interagissent dans un contexte de crise. Ces forces conservatrices instrumentalisent la crise du Covid-19 afin de mieux contrer les droits des femmes et des filles à l’autonomie corporelle et à la santé sexuelle et reproductive. 

Cette instrumentalisation s’est traduite par des projets de lois et des pratiques sanitaires visant à supprimer l’avortement ou l’accès à la contraception, y compris la contraception d’urgence, des listes de soins essentiels de santé. Les mesures de confinement en application de par le monde ont également un impact disproportionné sur les femmes. Elles se retrouvent principales responsables du travail de reproduction sociale au sein mais également à l’extérieur de la sphère domestique. Elles font face à des niveaux plus élevés de violences sexuelles et de genre.

7 millions de grossesses non désirées

De nombreux·euses expert·e·s internationaux·ales tirent la sonnette d’alarme quant à la protection et à la réalisation des droits sexuels et reproductifs dans un contexte de pandémie. Selon un rapport récent du Fonds des Nations Unies pour la Population, si les mesures de confinement se poursuivent encore pendant six mois et qu’il existe des perturbations majeures de mise à disposition de services de santé reproductive et sexuelle, l’on pourra s’attendre à 7 millions de grossesses non désirées additionnelles. 

Ces perturbations seraient dues au personnel clinique occupé par la pandémie et débordé en raison du manque de moyens. Dans de nombreux endroits, les établissements de santé ferment ou limitent les services ; les femmes s’abstiennent de s’y rendre en raison de craintes d’exposition au Covid-19 ou de restrictions de mouvement ; les perturbations d’approvisionnement limitent la disponibilité des contraceptifs et des ruptures de stock de certaines méthodes contraceptives sont attendues au cours des 6 prochains mois dans plus d’une douzaine de pays à faible revenu. Ainsi, les femmes peuvent être dans l’incapacité d’utiliser leur méthode de contraception préférée, et se tourneront vers une méthode moins efficace, ou encore cesseront complètement l’utilisation de la contraception. 

Il est primordial de continuer de faire du droit à l’autonomie corporelle et des droits sexuels et reproductifs une priorité absolue en période de Covid-19, sans quoi les femmes se retrouveront une fois de plus face à une situation discriminatoire qui aurait un impact direct sur leur droit à la santé, à la vie et à l’autonomie. 

Paola Salwan Daher