Moyen-Orient
Renforcement du processus de normalisation avec Israël
Le 13 août, les Émirats Arabes Unis (EAU) et Israël ont conclu, sous l’égide des États-Unis, un accord de paix qui approfondit encore le processus de normalisation de l’état d’apartheid, colonial et raciste d’Israël.
Une délégation américano-israélienne sous l’égide de Jared Kushner, conseiller et gendre du président états-unien Trump, s’est d’ailleurs envolée de l’aéroport de Tel Aviv pour celui d’Abu Dhabi quelques semaines après pour deux jours de discussions.
Les EAU sont le premier pays parmi les monarchies du Golfe, et le troisième pays arabe après l’Égypte et la Jordanie, à normaliser ses relations avec Israël. Les deux États entretiennent depuis des années des liens (de moins en moins) officieux. Israël a par exemple prêté main-forte aux EAU en matière de surveillance. Falcon Eye, un système de surveillance civile de masse à Abu Dhabi, a été installé par une société israélienne.
Les EAU étaient également le pays arabe le plus enthousiasmé par le dit « plan de paix » de Trump, surnommé « l’accord du siècle », entre les palestiniens et israéliens, malgré la désapprobation et le refus de la très grande majorité des Palestinien·n·es.
D’autres monarchies du Golfe, comme l’Arabie Saoudite, Bahreïn et le Qatar, entretiennent également des contacts avec Israël depuis les années 1990, par intérêt économique et sécuritaire, mais aussi, pour certains, du fait d’une hostilité commune à l’égard de l’Iran et d’un refus d’une démocratisation de la région. Suite à l’accord du 13 août, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a tenté de convaincre d’autres pays de la région de suivre l’exemple émirati dans le cadre d’une tournée qui l’a mené au Soudan, à Bahreïn et à Oman.
Le royaume saoudien lui a exprimé son refus de toute forme de normalisation officielle avec Israël, mais sans critiquer l’accord de son allié émirati. Ryiad craint en effet d’aviver les contestations au sein de sa population et cherche à maintenir son image de chef de file des « puissances musulmanes ». Bahreïn et le Soudan ont également exclu, pour le moment, tout accord avec l’État israélien.
Cet accord est aussi un moyen de renforcer l’intégration économique d’Israël au sein du Moyen-Orient. Israël pourrait être intéressé par les ressources en hydrocarbures des émirats tandis que ceux-ci seraient prêts à investir dans les secteurs du tourisme et des hautes technologies en Israël.
En réaction à cette officialisation en grande pompe des relations entre les EAU et Israël, des manifestations ont eu lieu dans les territoires occupés palestiniens pour dénoncer cet accord et refuser le processus de normalisation avec l’état d’Israël.
Refusons ce nouveau processus de normalisation de l’État d’apartheid, colonial et raciste d’Israël impliquant un des acteurs principaux de la contre-révolution dans la région, les EAU, en affirmant notre solidarité internationaliste avec la cause palestinienne et les soulèvements populaires de la région.
Joseph Daher
Les inégalités au Moyen-Orient s’accentuent avec les effets du COVID-19
Les 21 milliardaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), tous des hommes, ont vu leur richesse augmenter de près de 10 milliards de dollars depuis le début de la pandémie de Covid-19. C’est le double du montant versé par le FMI aux pays de la région pour « les aider à surmonter » cette crise. Dans le même temps, 45 millions de personnes supplémentaires pourraient être poussées vers la pauvreté à la suite de la pandémie.
Avant la crise, le Moyen-Orient était déjà une des régions les plus inégalitaires du monde avec 10 % de la population contrôlant 76 % de tous les revenus.
Les effets de la pandémie se font sentir à tous les niveaux. Les envois privés de fonds par les travailleurs·euses migrant·e·s, qui représentent 5,7 % du PIB, devraient baisser de près de 20 %. 1,7 million d’emplois devraient être perdus, dont 700 000 emplois occupés par des femmes.
Sur les 16 millions de travailleurs informels estimés au Moyen-Orient, 89 % seront gravement touchés et ne bénéficieront d’aucune protection sociale.
La situation, déjà souvent très difficile, des réfugié·e·s et des travailleurs·euses migrant·e·s a encore été aggravée par les mesures des gouvernements de la région, accompagnées très souvent de discours et de pratiques racistes à leur encontre.
Les effets de la pandémie n’ont fait que renforcer la situation socio-économique catastrophique des classes populaires régionales héritée de décennies de politiques économiques néolibérales des gouvernements et régimes de la région. JD