Mobilisation radicale sous les fenêtres du parlement
Du 20 au 25 septembre a eu lieu la semaine d’actions « Debout pour le Changement », centrée sur la justice climatique, à l’appel de la Grève du climat, d’Extinction Rebellion, du Collective Climate Justice et de Breakfree, avec le soutien de Greenpeace. Bilan.
Les militant·e·s, très bien organisé·e·s, ont occupé la place Fédérale durant plus de 48 heures, avant leur expulsion par la police. En quelques minutes, des Fingers, inspirés du mode de fonctionnement d’Ende Gelände, se sont déployés sur la place, ont construit des structures en bois, bloqué les accès, poussant la police à ne pas intervenir. Les heures suivantes, les activistes réuni·e·s en groupes d’affinités ont choisi des délégué·e·s qui ont pris les décisions collectivement.
Ce fonctionnement a permis de trouver des solutions quant au marché se tenant sur la place, mais aussi concernant les relations avec la police. Les militant·e·s ont diffusé un cahier de revendications unitaire traitant de démocratie, de finance ou encore d’agriculture bien plus efficaces et justes que la loi sur le CO₂ en discussion aux Chambres au même moment. Une manifestation, non autorisée mais tolérée, a réuni près de 3000 personnes le vendredi pour clore la semaine.
Tensions sous la coupole
Ces actions, illégales et assumées, ont fait les gros titres, permettant de diffuser les revendications écologistes et sociales des militant·e·s. Elles ont aussi généré beaucoup de tensions à l’Assemblée fédérale, la droite et l’extrême droite s’offusquant, alors qu’une bonne partie des élu·e·s de gauche a soutenu l’action de désobéissance civile ou, du moins, a refusé de la condamner.
On peut s’interroger sur le dénouement de l’occupation : n’aurait-il par exemple pas mieux valu quitter le camp en force dès que la police a débarqué mercredi matin, pour éviter les arrestations et les amendes, plutôt que de se faire cueillir gentiment par la police ? Bien qu’admirable, ce genre d’actions ne peut en effet pas être réitéré trop souvent, les capacités financières des activistes n’étant pas illimitées. Se pose aussi la question de l’efficacité et de la narration souhaitée : mieux vaut-il se soumettre à la répression pour montrer sa détermination, ou échapper aux forces de l’État pour montrer son refus de l’ordre établi ?
Répression policière à géométrie variable
Reste que cette semaine a été un franc succès, et un moment d’expérimentation et d’apprentissage extrêmement important. Surtout, l’idée selon laquelle seule la légalité est légitime a été battue en brèche. Un point noir subsiste : le mardi, une manifestation de sans-papiers qui tentait de rejoindre le camp climat a été attaquée par la police, aux ordres d’un Exécutif rose-vert, qui a usé de balles de caoutchouc et de canons à eau, a frappé des gens pacifiques et a fait étalage de son racisme : les jeunes blanc·he·s parti·e·s de la place Fédérale pour soutenir la manifestation n’ont pas été violenté·e·s, contrairement aux « sans-papiers », pauvres et non-blanc·he·s.
Robin Augsburger