Indonésie
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Une alliance référendaire s’oppose à un accord de libre-échange avec l’Indonésie. Il promet la durabilité écologique mais en réalité cimente une politique qui nuit aux personnes et à l’environnement.
Le 7 mars 2021, l’accord de libre-échange (ALE) avec l’Indonésie sera soumis au vote populaire. Fait inédit, celui-ci contient des chapitres sur la durabilité des normes environnementales et sociales. Cependant, une alliance référendaire de plus de 50 organisations critique l’absence de mécanismes de contrôle efficaces et de sanctions contraignantes. Elle appelle à rejeter cet accord de libre-échange.
Le libre-échange augmente la consommation d’huile de palme
Chaque année, plus d’un million d’hectares de forêts tropicales humides et de tourbières riches en espèces partent en fumées principalement au profit de l’industrie de l’huile de palme et du papier. Cela représente un terrain de football toutes les 25 secondes. Les monocultures d’huile de palme recouvrent dix-sept millions d’hectares, soit 10 % du territoire indonésien, ou une superficie quatre fois plus grande que la Suisse. La culture sur brûlis est le moyen le moins cher de faire de la place pour de nouvelles plantations de palmiers à huile. À causes de ses feux, l’Indonésie est l’un des plus grands émetteurs de CO₂ au monde. En plus des forêts, les derniers orang-outangs et les tigres de Sumatra sont décimés.
De plus, des populations locales et indigènes sont poussées à l’exil. À l’automne 2020, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a dénoncé les graves violations des droits humains découlant de « l’intensification de la concurrence mondiale pour les ressources naturelles et la militarisation croissante… pour s’emparer des terres indigènes à des fins lucratives ». Ce déplacement est à l’origine de centaines de conflits fonciers en Indonésie.
Il a été prouvé que des multinationales comme Nestlé et Unilever se procurent leur huile de palme auprès d’entreprises impliquées dans la culture sur brûlis et l’accaparement des terres. Les accords de libre-échange sont un moteur important de la demande d’huile de palme bon marché et de la lutte mondiale pour les ressources.
Violations des droits humains et du travail et corruption omniprésente
L’ALE stipule que l’huile de palme devra être certifiée par des labels de durabilité (ISPO et RSPO) pour pouvoir être importée. Or ceux-ci sont régulièrement violés. Greenpeace et de nombreuses autres ONG assimilent même le label RSPO à une culture conventionnelle. Les monocultures d’huile de palme ne sont pas durables. Il s’agit plutôt d’une politique agricole ayant de graves conséquences écologiques et sociales. Les conditions de travail précaires et non protégées sont très répandues, le travail des enfants et le travail forcé sont bien documentés. L’application non protégée de pesticides, dont le Paraquat de Syngenta, interdit en Europe depuis 2007, est très répandue.
Mépris de la vie et des droits démocratiques
Le 5 octobre 2020, le Parlement indonésien a adopté la loi Omnibus. Elle contient de larges déréglementations en matière de droit du travail et de respect de l’environnement. Des manifestations de plusieurs jours ont eu lieu dans tout le pays pour en exiger le retrait. Environ 6000 personnes ont été arrêtées pendant les manifestations. « La loi Omnibus viole la constitution indonésienne », écrit la journaliste indépendante Febriana Firdaus pour le magazine Foreign Policy. En effet, la création des lois relève de la responsabilité de la Chambre des représentant·e·s, et la Constitution de 1945 fait du Parlement l’autorité suprême. Mais de plus en plus, « le président retrouve un pouvoir exécutif et législatif absolu », poursuit-elle.
De nombreux mégaprojets catastrophiques au bénéficie d’une petite élite d’investisseurs peuvent désormais être mis en œuvre. Un comité indépendant, composé d’expert·e·s environnementaux·ales et d’ONG, a été retiré de l’équipe d’une étude d’impact environnemental de ces projets. La loi est un « tapis rouge » pour les entreprises qui souhaitent exploiter les ressources naturelles du pays. Les obstacles sont minimes, voire nuls.
Les droits fondamentaux, tels que les libertés syndicales et la liberté de réunion n’étaient déjà pas garantis avant la loi Omnibus. Or, elle aggrave la situation. Elle supprime la durée maximale de travail et abolit les horaires décents dans certains secteurs ainsi que le paiement des heures supplémentaires. Ary Hermawan d’Amnesty international est convaincu que les violations des droits humains vont augmenter et pas seulement à l’encontre des communautés locales.
Apportons notre soutien au peuple indonésien en votant non au projet d’accord de libre-échange avec l’Indonésie, et en les soutenant dans toutes leurs luttes pour défendre leurs droits!
Mathias Stalder coordinateur du référendum