Malgré la crise, cap vers 2021

Action climat, Lausanne, mai 2020

Une syndémie constitue un tableau épidémique où les facteurs biologiques, économiques et sociaux s’entremêlent de telle manière que nous ne savons plus si les décès sont dus au coronavirus ou à notre système capitaliste mortifère. Nous y sommes. Au cours de l’année 2020, les organisations associatives, syndicales et politiques ainsi que les mouvements sociaux ont tâché de porter les revendications issues de la base. L’année 2021 sera, quant à elle, décisive pour donner des perspectives de lutte sur plusieurs fronts, cette dernière étant le seul remède contre la crise structurelle.

La syndémie a accentué l’un des plus grands apports des féministes des années 70, soit la visibilisation des tâches de reproduction, effectuées pour la plupart gratuitement. La Grève féministe a donc insisté, conjointement avec les organisations syndicales, sur la revalorisation salariale et sociale des métiers dits essentiels. Ceux-ci ont pour spécificité d’être précaires et sont majoritairement occupés par les femmes. Le mouvement a ainsi exprimé son soutien aux travailleur·euse·s en première ligne comme aux travailleur·euse·s du care, accomplissant un travail non rémunéré mais essentiel pour la société, un des axes centraux de son Programme pour une sortie féministe de la crise.

En ce début d’année, la Grève féministe se réunira lors des Assises régionales du 30 janvier pour discuter de ses priorités et stratégies pour 2021. Plusieurs batailles sont à mener comme celle contre l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, contre l’initiative anti-burqa de l’UDC, profondément raciste, islamophobe et sexiste; mais aussi l’organisation des prochaines grandes échéances de mobilisation, notamment celle du 14 juin.

Quant à la Grève du Climat, si le mouvement vient de publier son Plan d’Action Climatique, comportant 138 mesures développées sur 377 pages, il doit désormais mettre en œuvre sa nouvelle stratégie nationale et radicaliser ses modes d’action traditionnels. La prochaine mobilisation internationale, qui se déroulera le vendredi 19 mars, constitue ainsi une étape décisive pour la Grève du Climat. Ce sont également les nombreux procès des militant·e·x·s écologistes qui vont rythmer l’année 2021. Loin d’être un frein à l’action, ces événements peuvent, au contraire, servir de catalyseur aux futures mobilisations collectives des mouvements sociaux et à l’établissement de solidarités entre les différentes luttes sociales. Mais d’autres échéances sont tout aussi cruciales : à court terme, défendre la colline du Mormont aux côtés des zadistes d’Eclépens ; à moyen terme, la manifestation nationale « L’alimentation est politique ! », le référendum contre la Loi sur le CO₂ et, surtout, la Grève pour l’Avenir le vendredi 21 mai.

Et si les crises partagent des causes communes profondes, il est nécessaire que ces différentes luttes convergent contre un même ennemi commun : un système capitaliste, patriarcal et raciste. Rendons cela possible à travers la Grève pour l’Avenir, en liant organiquement les mouvements écologistes et féministes avec le monde du travail. Esquissons des revendications répondant conjointement aux attentes immédiates de la population : la fusion du 1e et du 2e pilier du système de retraites, l’investissement dans les services publics en y intégrant le travail du care non rémunéré et le prélèvement du taux unique sur les hauts revenus pour financer un plan d’urgence féministe et écosocialiste !

Tamara Knezevic & Steven Tamburini