Pour une nouvelle promotion économique
La situation de l’emploi dans le canton approche une zone de turbulences, alors que différentes entreprises annoncent des suppressions de postes, éclairant sous un jour cru les défauts de la stratégie fiscale cantonale.
Après les résultats à la baisse du géant Swatch group, la multinationale Johnson&Johnson (J&J) annonce un redéploiement mondial de sa production et la délocalisation de 320 emplois, ne restant plus sur sol neuchâtelois qu’une cinquantaine de postes.
Arrivée en 1991 dans le canton, J&J avait racheté une start-up médicale, la société Medos, et s’était considérablement développée, pour employer au faîte de son activité plus de 1200 personnes. Aujourd’hui, J&J se retire pour des raisons purement financières. Les autorités cantonales et communales étaient fières de ce fleuron de leur politique de promotion économique, basée sur des allégements fiscaux conséquents.
Cette dépendance de l’emploi et des finances à une série de grands groupes internationaux dans l’horlogerie, la micro-mécanique et le bio-médical étaient présentées comme un renouveau durable pour le canton industriel.
Dépendance aux marchés ?
Ces industries exportant la très grande majorité de leur production. Il en découlait une forte dépendance à des marchés lointains et à des actionnaires qui l’étaient tout autant. Le profit était l’unique motivation de leur établissement, aucune logique industrielle n’a été établie à long terme. L’ancien patron des montres Tissot a déclaré à ce sujet : « nous devons réinventer une économie et nous avons besoin d’une nouvelle mentalité. Nous devons compter sur nous-mêmes. » (Arcinfo, 3.2.2021). Luc Tissot veut encore faire confiance à ses pairs pour cette nouvelle adaptation.
Ou développement durable ?
Nous sommes partisan·e·s d’une autre voie : les marchés ne doivent plus décider de l’avenir de l’emploi. Le réchauffement et l’urgence climatique nous obligent à revoir les choix de production et de consommation. L’usage massif des énergies renouvelables à la place des combustibles fossiles ouvrirait un nouvel avenir à une région dotée d’une tradition de mécanique de précision. Le développement et la fabrication de panneaux et de centrales solaires, leur montage ainsi que celui de moteurs à hydrogène, offriraient des débouchés pour les dizaines de milliers d’ouvrières et ouvriers de la région. Ce renouveau répondrait à des débouchés socialement et écologiquement vitaux et durables, pour progressivement abandonner les mirages du luxe. L’emploi bénéficierait d’une formation, d’un savoir-faire et d’un environnement industriel de micro-technique et de précision. La production locale ne doit pas se limiter aux produits alimentaires mais doit aussi concerner un maximum l’industrie et les services.
Cette nouvelle orientation devrait être accompagnée par une nouvelle politique de promotion industrielle visant la transition écologique et les objectifs de neutralité carbone exigés par le mouvement climat et promis par la Confédération.
José Sanchez