États-Unis

Défaite syndicale chez Amazon

Le mouvement syndical étasunien a subi une défaite majeure début avril lorsque les travailleurs·euses de l’entrepôt d’Amazon de Bessemer, en Alabama, ont refusé la création d’un syndicat par 1798 voix contre 738. 

Rassemblement de soutien organisé par Black Lives Matter en soutien à la création d'un syndicat chez Amazon à Bessemer, Alabama, 13 mars 2021
Rassemblement de soutien organisé par Black Lives Matter, 13 mars 2021

La moitié seulement des 5876 travailleurs·euses qui avaient le droit de vote a déposé un bulletin. Les responsables du syndicat RWDSU ont déclaré qu’Amazon avait intimidé les travailleurs·euses, mais des militant·e·s syndicaux·ales ont également souligné l’incapacité à mettre en place une organisation solide sur le lieu de travail avant de convoquer une telle élection.

Il ne fait aucun doute que de nombreux travailleurs·euses craignaient qu’Amazon ne ferme tout simplement l’usine. En 2000, des travailleurs·euses du syndicat Communications Workers of America ont réussi à organiser les travailleurs·euses d’un centre d’appel, que l’entreprise a par la suite fermé.

Mais à Bessemer, le plus gros obstacle a été l’énorme puissance d’Amazon et la sophistication de sa campagne antisyndicale. Avec des ressources illimitées, la firme a tenu des réunions régulières avec les travailleurs·euses de l’usine et leur a envoyé quotidiennement des messages sur leur téléphones. Elle a souligné qu’elle payait les travailleurs·euses 16 dollars de l’heure, le double du salaire minimum étasunien, plus que les autres employeurs locaux. Amazon a par ailleurs rappelé que les travailleurs·euses perdraient environ 500 dollars par an en cotisations. Elle a en outre réussi à susciter l’adhésion de certain·e·s travailleurs·euses, les convaincant de porter des badges « Votez non ».

Déficit d’auto-organisation

Le RWDSU a commencé sa campagne au plus fort de la pandémie et a lancé un appel particulier aux travailleurs·euses noir·e·s (85 % de la main-d’œuvre). On espérait du mouvement Black Lives Matter (BLM) qu’il ait créé un nouvel élan parmi les travailleurs·euses. Le Parti démocrate a soutenu la campagne syndicale : Joe Biden a exigé que l’entreprise n’intimide pas les travailleurs·euses et Bernie Sanders s’est rendu à l’entrepôt pour un meeting. Pourtant, ni BLM ni les Démocrates ne semblent avoir pesé sur le résultat.

L’entrepôt de Bessemer a ouvert il y a un an, dans le cadre d’une vaste expansion nationale. Amazon emploie désormais plus d’un million de travailleurs·euses, juste derrière Walmart. Le fait que l’entrepôt soit si récent signifie que les travailleurs·euses ne se connaissaient pas très bien, notamment en raison du taux de rotation élevé. Ils·elles n’avaient pas cette relation de confiance nécessaire à la construction d’une organisation solide. 

Lorsque le syndicat a déposé une demande d’élection en novembre 2020, il n’avait pas construit de groupe de base solide au sein des travailleurs·euses, capable de s’auto-organiser. Il ne l’a pas fait non plus par la suite. Le RWDSU a fait une grande partie de son travail d’organisation aux portes de l’entrepôt, mais n’y est pas rentré, prétextant la situation sanitaire. Même lorsque Bernie Sanders s’est rendu à Birmingham, en Alabama, seul un petit nombre d’employé·e·s a assisté aux rassemblements syndicaux.

Et maintenant ? La syndicalisation va se poursuivre. Le RWDSU va probablement déposer plainte pour pratiques déloyales auprès de l’office national des relations du travail et pourrait remporter une nouvelle élection. D’autres syndicats et ONG continuent de soutenir les travailleurs·euses d’Amazon sur d’autres sites à travers le pays. Certain·e·s militant·e·s socialistes se sont fait employer par Amazon pour aider à l’auto-organisation dans les entrepôts. Les travailleurs·euses doivent organiser le syndicat elles·eux-mêmes, en construisant un mouvement fort capable d’agir sur le terrain.

Dan La Botz

MUSK VS BEZOS

Naguère menée entre nations, la course à l’espace se joue désormais entre grands groupes privés.

SpaceX, propriété d’Elon Musk, patron de Tesla et 2e fortune mondiale, veut lancer une constellation de 42 000 satellites en orbite basse, Starlink. Il contrôle déjà 40 % des satellites opérationnels. Rook Andalus a calculé que le projet nécessitera 700 lancements et engendrera 350 000 tonnes d’équivalent CO₂. Pas mal pour quelqu’un qui déclare qu’« il faut sortir des énergies fossiles ».

La concurrence s’appelle Kuiper, le projet de l’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, patron tout-puissant d’Amazon, qui projette de placer 3326 satellites en orbite.

Une telle profusion de matériel et d’ondes – et de futurs déchets – vise à s’approprier le marché de l’accès à Internet dans les zones mal couvertes par des réseaux terrestres, historiquement liés au développement de la téléphonie fixe.

JS