Un slip détendu malgré la pandémie

 L a 9e édition de la Fête du Slip s’est tenue à Lausanne du 13 au 16 mai. Questionnant les genres et les sexualités depuis près de 10 ans, elle s’apprête à se renouveler.

D’un œil extérieur, la Fête du Slip 2021 ressemblait presque à son édition 2019 : conviviale, stimulante et grouillant d’idées et de gens. Une réussite due à un plan Covid fort bien pensé et appliqué qui a permis à plus de cinquante événements d’accueillir cinquante personnes en présentiel. Un petit bol d’air frais à Lausanne malgré les restrictions. C’est tout ce qu’on pouvait souhaiter pour cette dernière édition de la direction actuelle du festival, tenue par Stéphane Morey. Idée originellement lancée il y a neuf ans par sa sœur Viviane et lui-même, le festival des sexualités et du genre fait le point sur l’évolution de la société sur ces sujets et aborde son futur avec optimisme.

Quel bilan suite à neuf éditions d’un festival subversif telle que la Fête du Slip ? Comme l’a relevé Viviane Morey lors de la cérémonie de clôture, c’est surtout l’attitude autour des questions de féminisme et de genre qui s’est radicalement transformée. Si le festival se définissait comme « pro-sexe » et non « féministe » dans ses premières années, c’est que le terme portait une connotation trop négative pour porter l’événement. C’est donc réjouissant de voir que désormais – grâce notamment au travail d’organisations comme la Grève Féministe – le féminisme n’est plus un gros mot. La Fête du Slip a peut-être perdu en subversivité mais a désormais une place légitimée par les institutions lausannoises et différents bailleurs de fond, un combat qui n’était pas gagné d’avance vu les difficultés du festival ses premières années.

La Fête du Slip n’en reste pas moins politique comme l’explique sa future directrice, Valentina D’Avenia : les sexualités et les genres dissidents sont toujours un terrain de lutte au niveau local comme global. La Fête du Slip doit rester le laboratoire d’autres manières de vivre l’identité, la sexualité et les relations. Ce n’est qu’en questionnant l’ordre sexuel et genré de notre société que nous pourrons espérer viser le changement dont nos mouvements rêvent. En effet, le capitalisme se nourrit du contrôle de nos corps et sexualités et ce n’est qu’au travers de l’intersectionnalité et de l’inclusivité que nous pourrons le faire tomber. Vivement l’année prochaine !

Sébastien Zürcher