La Palestine est un enjeu féministe

Depuis 1948, le peuple Palestinien n’a jamais cessé de lutter contre l’occupation de ses terres, contre les massacres perpétrés à son encontre et contre les politiques d’apartheid, de nettoyage ethnique et de colonisation de la puissance occupante Israélienne. Cette résistance, qui passe aussi par le corps des femmes, est éminemment féministe et constitue en enjeu de solidarité féministe global. 

Manifestation Queers for Palestine, Berlin
Manifestation «Queers for Palestine», Berlin, 27 juillet 2019

Un nouveau soulèvement

Ces dernières semaines marquent également un tournant dans les dynamiques de solidarité internationale, avec des rassemblements de solidarité importants ainsi qu’avec des déclarations de solidarité d’institutions académiques, de partis politiques, et de divers collectifs et organisations de la société civile, notamment féministes. 

Cette solidarité internationale a été possible grâce à la résistance sans relâche des palestinien-ne-s de Palestine et de la diaspora, qui n’ont de cesse d’organiser et de coordonner le mouvement de solidarité internationale. Le travail effectué, entre autres, par le mouvement du Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS), associé aux organisations féministes palestiniennes a permis une réponse de masse suite aux agressions israéliennes. 

Solidarité Féministe et Justice Reproductive 

La question de la Palestine est un enjeu féministe majeur. Les collectifs féministes décoloniaux et intersectionnels engagés dans les luttes féministes, anti-racistes et anti-capitalistes se doivent de centrer la question de la libération de la Palestine comme un enjeu de solidarité internationale et de justice sociale. Nous ne pouvons prétendre à la libération de certain·e·s d’entre nous sans nous investir dans une lutte globale pour la libération de toutes et tous.  

Les politiques racistes et discriminatoires de la puissance occupante israélienne touchent les femmes, filles et minorités sexuelles et de genre de manière spécifique, notamment en termes de justice reproductive. La violence d’État perpétrée par Israël se manifeste de façon raciste, classiste et genrée. 

De tout temps, le colonialisme a instrumentalisé le corps des femmes et leurs droits sexuels et reproductifs pour faire avancer ses politiques racistes. Le colonialisme tel que perpétré par la puissance occupante israélienne n’échappe pas à cette règle. Par exemple, les femmes palestiniennes enceintes font l’objet de ciblages et de maltraitance lors de leurs passages aux check-points, allant parfois jusqu’à être obligées d’accoucher dans les check-points, certain·e·s mourant en couches.  

Le cadre théorique de justice reproductive, cadre de référence développé par les féministes et activistes de justice raciale noires américaines, définit la justice reproductive comme le droit humain de maintenir l’autonomie corporelle personnelle, d’avoir ou non des enfants, et d’élever les enfants voulus dans des communautés sûres et durables. Ce cadre requiert d’analyser les systèmes de domination et les mécanismes de pouvoir, de lutter contre les oppressions croisées et de centrer les plus marginalisé·e·s. Le peuple palestinien ne sera pas libre tant que les femmes et les filles, y compris les plus marginalisées, ne seront pas en mesure d’accéder aux ressources et aux pleins droits humains pour mener une vie autodéterminée sans peur, discrimination ou représailles. 

D’autre part, à Gaza, le ciblage militaire continu d’un système de santé déjà épuisé, qui a été encore décimé par l’effet combiné du blocus de 14 ans et par la pandémie de covid, empêche les femmes et les filles d’accéder aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive dont elles ont besoin, mettant ainsi leur vie et leur santé en danger. L’occupation israélienne, les politiques discriminatoires et le blocus de Gaza se poursuivent, avec des conséquences désastreuses sur les droits à la vie, à la santé, à la santé sexuelle et reproductive et au droit à la non-discrimination des femmes et des filles palestiniennes.  

La solidarité avec le peuple palestinien en lutte : un devoir du féminisme intersectionnel

Tout engagement anti-colonialiste, anti-raciste, anti-capitaliste et féministe se doit de s’engager dans la lutte contre le régime d’apartheid de la puissance colonisatrice et occupante israélienne qui s’attaque à l’autonomie corporelle des individus et qui décime les communautés palestiniennes, annihilant les droits humains les plus basiques.  

La route de la libération féministe passe par la Palestine.  

Paola Salwan Daher