Ni Biden, ni Poutine ne sont les bienvenus à Genève !
Mercredi 16 juin se réunissent à Genève les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine pour discuter d’un certain nombre de dossiers internationaux et chercher des formes d’entente et de collaboration.
Des trafiquants de la mort
Les États-Unis et la Russie disposent respectivement du 1er et 4e budget militaire le plus élevé au monde, avec des dépenses militaires de 778 milliards et 62 milliards de dollars respectivement. Ces deux États abritent ensemble 14 des 25 plus grandes entreprises d’armement au monde. Enfin, pour un montant respectif de 9,3 et 3,2 milliards de dollars, les États-Unis et la Russie sont les deux plus grands exportateurs d’armes au monde. Ces deux puissances nucléaires avec le plus grand arsenal mondial ont donc une large responsabilité dans la prolifération et l’usage mortifère des armes dans le monde.
Il faut ajouter que ces deux pays surarmés contribuent activement à aggraver la crise climatique en polluant sols, eau et air avec leurs politiques d’extraction et d’exportation intenses d’énergie fossile, accompagnées d’interventions militaires à l’étrangers. À elle seule, l’armée étasunienne pollue autant que des États tels que le Portugal ou la Suède.
Politiques impérialistes et soutien à des États coloniaux, autoritaires
et despotiques
L’impérialisme étasunien reste le plus important à travers sa puissance militaire et économique au niveau mondial, dont les conséquences se voient encore avec le soutien continu de Washington à l’État colonial, raciste et d’apartheid d’Israël lors des dernières mobilisations palestiniennes. Celles-ci ont été violemment réprimées par les forces d’occupation israéliennes. Les bombardements sur la bande de Gaza ont fait plus de 260 morts, dont 67 enfants. Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche le 21 mai, jour d’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le président étasunien a insisté qu’« il n’y a pas de changement dans mon engagement pour la sécurité d’Israël, point à la ligne ». Washington continue de soutenir de nombreux pouvoirs autoritaires et despotiques servant ses intérêts et réprimant leurs populations. Les politiques étasuniennes persistent à semer la misère et la terreur à travers le monde.
La Russie n’est pas en reste avec la multiplication d’interventions militaires à l’étranger (Syrie, Ukraine, Libye) et son soutien politique et économique à de nombreuses dictatures. Les forces armées russes et leurs supplétifs locaux occupent des territoires ukrainiens depuis 2014, et plus de 100 000 soldats russes équipés d’un arsenal offensif jamais vu sont amassés à proximité de l’Ukraine. Le soutien militaire russe depuis octobre 2015 a été décisif à la survie du régime du dictateur Bachar al-Assad, coupable de la mort de centaines de milliers de personnes et du départ forcé de plusieurs millions d’individus de leurs foyers depuis l’éclatement du soulèvement populaire syrien en 2011. Moscou a utilisé l’intervention militaire en Syrie comme un moyen de promouvoir son armement pour ses ventes à l’étranger et plus de 200 nouvelles armes développées par les scientifiques de Moscou ont été testées en Syrie.
Ces deux États ont participé et participent donc aux dizaines de millions de personnes en fuite, menacées par les guerres, les persécutions et les violations des droits humains.
Non aux puissances impérialistes et soutien
aux résistances populaires !
L’impérialisme est un système global lié au développement et aux transformations du système capitaliste, et non à quelques acteurs limités. L’impérialisme doit être compris comme l’intersection et la fusion de concurrences et compétitions économiques et géopolitiques. C’est cette relation dialectique entre ces deux logiques qui expliquent les dynamiques impérialistes actuelles.
En même temps, les différentes puissances impérialistes mondiales, en dépit de leur rivalité, peuvent collaborer lorsque le système global est menacé. Par exemple, elles ont toutes un intérêt commun à la défaite des révolutions populaires de la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord, que ce soit en Syrie ou ailleurs. Nous ne devons en effet pas imaginer les rivalités impérialistes à l’échelle mondiale, y compris entre les États-Unis et la Russie, comme impossibles à surmonter lorsque leurs intérêts sont en jeu et que les relations d’interdépendance sont en fait très présentes. Le sommet de Genève entre les officiels de Moscou et Washington s’inscrit dans cette dynamique.
Dans ce cadre, nous nous mobiliserons pour dénoncer les politiques meurtrières de ces deux États à travers le monde et affirmer notre soutien aux classes populaires en lutte pour leur libération et émancipation contre toutes les formes d’impérialisme. Nous réitérons le slogan des manifestations en 1985 à Genève lors du sommet entre les présidents Reagan et Gorbatchev : « Le Monde n’est pas à vous ! »
Joseph Daher