Initiative 99 %

Le capital en balade

La lecture de la documentation de la Jeunesse socialiste
Suisse au sujet de l’initiative 99 % est fort instructive. Les données chiffrées illustrent la croissance des écarts de revenus et expliquent les mécanismes d’accumulation.

Les jeunes socialistes posent avec des drapeaux We are the 99%
Les militant·e·s en lutte pour leur initiative «aux relents de lutte des classes» selon l’éditorial du Temps ↗

«En Suisse, les inégalités de richesse augmentent depuis des années. Le 1 % le plus riche de la population possède désormais plus de 43 % de la richesse totale. Cette évolution est en grande partie due aux revenus du capital, soit les dividendes, les bénéfices sur les actions, les gains en capitaux et les intérêts, grâce auxquels les plus riches se mettent chaque année des milliards dans les poches. »

Pourquoi cette loterie d’une toute petite minorité ?

Seul·e·s les personnes qui possèdent le capital gèrent cette plus-value. Pour les courants marxistes, cette minorité est désignée par le terme « capitalistes ». Mais la richesse n’est pas le principal atout de ce groupe. Sa propriété principale est de posséder le capital, ce qui lui donne une autre caractéristique : celle de constituer une classe sociale, avec des intérêts très distincts du reste de la population. Et donc une conscience de classe propre, quand bien même les capitalistes invoquent le peuple ou les citoyen·e·s. Et l’intérêt général.
Cette conscience de classe leur permet de maintenir leur pouvoir et leurs privilèges, en opposition à l’évolution du reste de la société. L’évolution de leur fortune en est une preuve éclatante.

« Alors qu’en 2003 le 1 % le plus riche possédait environ 36 % de la fortune totale en Suisse, cette part s’élève aujourd’hui à plus de 43 %. Les augmentations les plus importantes ont été enregistrées chez les plus riches des riches : en 2003, les 300 personnes les plus riches de Suisse possédaient un total de 352 milliards de francs. En 2020, ce chiffre atteignait 707 milliards de francs, soit une augmentation de 355 milliards. »

Ces chiffres astronomiques sont difficiles à réaliser pour la majorité des gens. Présentés autrement , on peut dire que « les 300 personnes les plus riches ont augmenté leur patrimoine de 2,4 millions de francs par heure en moyenne ».

Travailler dur ?

Combien de temps faut-il à un·e salarié·e, gagnant 5000 francs nets par mois pour accumuler une telle somme ? Environ 40 ans ! à condition qu’il·elle ne dépense rien. Ce qui n’est pas le cas pour le quart de la population, qui ne possède aucune fortune.

Ce calcul montre à l’évidence que les capitalistes s’enrichissent non pas en travaillant « dur », mais en faisant travailler les autres et en s’appropriant une grande partie de la valeur du travail, qui se retrouve après dans les dividendes, les actions et tous les types de capitaux.
Prenons le cas des 33 plus grandes entreprises suisses cotées en bourse. En 2019, leurs employé·e·s, au nombre de 1,6 millions, ont reçu 140 milliards de francs en salaires. Leurs actionnaires ont reçu de leur côté 63 milliards de francs. Autrement dit : « Un franc sur trois produit par les employé·e·s a fini dans les poches des propriétaires du capital sans qu’elles et ils ne lèvent le petit doigt ». Il suffit seulement lever la main durant l’assemblée générale.
La classe des capitalistes continue à dominer et à s’enrichir. Il n’y a pas de plafond à cette accumulation. « Depuis 100 ans de prise en compte de l’inégalité de richesses dans les statistiques en Suisse, jamais la fortune des 0,1 % les plus riches n’a été aussi élevée qu’aujourd’hui ».

Une telle accumulation de richesse, croissante et permanente, n’est pas le fruit du hasard. La classe des capitalistes s’organise en permanence pour maintenir et améliorer les conditions d’enrichissement.

Cette cupidité est sans limites. De tous temps et sur tous les continents cette soif de richesse est inépuisable. Elle représente une des faces ignobles de ce système économique, profitable à une minorité.

La paix du travail en question

Chaque automne, les grandes fédérations syndicales organisent des conférences de presse pour réclamer des augmentations et un « meilleur partage des fruits de la croissance ». Visiblement l’effet sur le patronnat n’est pas très grand, malgré tous les rappels au « partenariat social ». Les capitalistes continuent de distribuer joyeusement les dividendes.

Et ce ne sont pas les maigres augmentations salariales concédées qui vont les ruiner. Selon les évaluations de l’Union Syndicale Suisse, « entre 2000 et 2019, les personnes aux salaires les plus bas ont vu leur revenu disponible diminuer, tandis que le revenu disponible des personnes aux salaires moyens n’a augmenté que de 100 à 300 francs, soit de 15 francs au maximum par an ». Il devient urgent de commencer à organiser une autre redistribution des richesses par des actions et des grèves coordonnées sur les lieux de travail.

José Sanchez
Toutes les citations sont extraites du document « Informations et arguments sur l’initiative 99 % »