Une ex-conseillère nationale pas au-dessus de tout soupçon
Lors de la campagne concernant l’initiative « Multinationales responsables », le site heidi.news avait signalé que la conseillère nationale Isabelle Chevalley (Vert’libéraux vaudois) exerçait la fonction de conseillère du président du Parlement burkinabé et était titulaire d’un passeport diplomatique délivré par ce pays africain. Elle avait donc pu faire venir en Suisse un ministre burkinabé pour dénigrer l’initiative.
Les prestations de Mme Chevalley ne se sont pas arrêtées là. Auparavant, elle avait rémunéré un journaliste d’une station de radio burkinabé, chargé de discréditer un rapport de Solidar Suisse (ex-Œuvre suisse d’entraide ouvrière) sur le travail des enfants dans ce pays.
À la suite des révélations de heidi.news, le député socialiste Fabian Molina a demandé au bureau du Conseil national d’examiner s’il y avait eu violation de la loi sur l’Assemblée fédérale. Son article 12 (inspiré par l’article 12 de la Constitution de 1848) interdit un·e élu·e d’exercer une fonction officielle et d’accepter une décoration d’un État étranger. Dans les siècles précédant la formation de l’État fédéral, ces pratiques (proscrites) étaient monnaie courante.
Après plusieurs mois d’une réflexion (pas très intense), le bureau a finalement décidé… de ne rien décider, Mme Chevalley ayant entre temps démissionné de son mandat parlementaire.
La plaisanterie est mirobolante, mais elle s’avère d’un goût douteux. Un·e parlementaire soutenant l’initiative « Multinationales responsables », placé·e dans la situation de Mme Chevalley, aurait-il·elle bénéficié d’une telle mansuétude ?
Une enquête approfondie aurait permis d’examiner la nature des liens de la parlementaire avec la classe dominante du Burkina Faso. Cela n’intéressait visiblement pas les (ex-)collègues de Mme Chevalley
Hans-Peter Renk