Quand L’augmentation des salaires… appauvrit

Début 2021, la direction de la caisse Prévoyance.ne constate « une amélioration substantielle de la santé financière de la caisse » et décide de proposer au Conseil d’État une réduction des cotisations.

Banderole Pour des services publics de qualité
Manifestation de la fonction publique, Neuchâtel, 2018

La baisse proposée est de 3 %, soit l’équivalent de 35 millions de francs. Le salaire net du personnel assuré serait ainsi « augmenté », tandis que les employeurs·euses économiseraient leur part de cotisations LPP. Pour les collectivités publiques, cela représente une économie se chiffrant à 21 millions de francs. La mesure peut séduire à première vue, mais en réalité elle met en danger les espérances de rente des assuré·e·s. Le Syndicat des services publics est opposé à cette baisse de cotisation. Cette décision semble davantage prise pour faire des économies dans les collectivités publiques.

Actuellement un plan de recapitalisation est appliqué. Et tant que le taux de couverture n’a pas atteint les 100 % (il était de 76,7 % au début de l’année), le risque de voir les prestations des assuré·e·s réduites existe.

Une longue série de pertes

Depuis la création de Prévoyance.ne en 2010, les assuré·e·s ont vu leur future rente se réduire. En 2010, il y a eu une augmentation des cotisations et un calcul de la rente sur la moyenne des salaires dès 57 ans et non plus sur le dernier salaire, avec pour résultat une baisse des rentes. En 2012, une cotisation de recapitalisation supplémentaire de 0,2 %, augmentée en 2013 à 0,3 % sont entrées en vigueur. En 2014, l’âge de la retraite a été augmenté (de 62 ans à 64 ans) et on a procédé à la suppression de l’indexation des rentes. Enfin, en 2019, une augmentation des cotisations, ainsi qu’une grosse baisse des prestations, consécutive au passage en primauté des cotisations, a encore diminué les perspectives de rentes en moyenne de 10,9 %, en particulier pour la prochaine génération de retraité·e·s (15 % pour la tranche d’âge 45-55 ans). Enfin en 2008, la caisse de pensions de l’État de Neuchâtel avait subi des pertes financières importantes en l’espace de quelques mois.

En diminuant les cotisations, la caisse va s’affaiblir, alors qu’il serait préférable d’augmenter les réserves. Le projet de baisse de cotisation, avec en parallèle la baisse du taux technique de 2,25 % à 1,75 %, conduira logiquement à une réduction des espérances de rente des assuré·e·s actif·ve·s. Avec un intérêt moyen de 1,75 %, les assuré·e·s passeront d’une rente prévue de 60 % du salaire assuré en 2018 à une rente de 50% du salaire. C’est donc un appauvrissement des retraité·e·s qui se profile.

Pour maintenir l’objectif de prestation, il faut maintenir le financement, voire l’augmenter, mais en aucun cas baisser les cotisations. Il est inadmissible que la caisse de pension publique serve une fois de plus de variable d’ajustement budgétaire.

José Sanchez