26 ANS DE COP

Des paroles en l’air

La 26e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) se déroulera à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre 2021. Face à celle-ci, de nombreuses mobilisations s’organisent.

Un manifestant tient une banderole "Stop Greenwashing capitalism, abolish it”
Manifestation pour le climat, Genève, juin 2021

Une mobilisation écosocialiste aura lieu, en Suisse, le week-end des 6-7 novembre autour des enjeux de la COP 26. Dans cette perspective, nous vous proposons une synthèse d’une discussion réalisée avec Annika Lutzke, militante de la Grève du Climat, de la Grève féministe ainsi que du groupe « Jeunes » du Mouvement pour le Socialisme / Bewegung für den Sozialismus (MpS / BfS) de Zürich et avec notre camarade Virginie Bertoncini, militante de la Grève féministe et de solidaritéS. Toutes deux sont également engagées au sein de la Grève pour l’Avenir et, plus récemment, du réseau écosocialiste suisse.

S’il y a un point commun entre Annika et Virginie dans leur parcours militant vers l’écosocialisme, il s’agit de la centralité de l’hypothèse stratégique de la « convergence des luttes » dans leur conception et engagement politique. Comment serait-il possible de lutter à l’avènement d’une société écosocialiste qui dépasserait le système capitaliste et productiviste, sans s’intéresser aux autres enjeux qui lui sont consubstantiels et interdépendants tels que l’antiracisme ou le féminisme, l’anti-impérialisme ou l’internationalisme ?

Par ailleurs, toutes les deux reconnaissent les apports théoriques et pratiques d’autres courants de l’écologie politique comme l’éco­féminisme, la décroissance ou encore l’écologie sociale et le communalisme. De ces influences plurielles découle une pratique politique ouverte les menant à vivre des expériences militantes comme la Grève pour l’Avenir qui porte en elle de nombreuses conceptions et valeurs de l’écosocialisme.

Non à la COP 26 !
Oui à l’écosocialisme, maintenant et partout !

Après 27 ans, alors que toutes les précédentes COP ont démontré leur incapacité à répondre à l’ampleur de la catastrophe climatique, pourquoi s’organiser autour d’une telle échéance internationale ? Pour Annika, il s’agit surtout d’une échéance permettant de construire un « élan » afin de rassembler largement et créer une dynamique collective, tout en critiquant fortement les fausses bonnes « solutions » (compensations carbone, finance « verte », géoingénierie, etc.) des gouvernements et représentant·e·s des firmes capitalistes les plus puissantes au niveau international.

Par conséquent, ni l’une ni l’autre ne pense qu’il pourrait sortir quoi que ce soit de positif de la COP 26 de Glasgow. Toutefois, sans échéance définie et concrète, il est difficile d’impliquer immédiatement des personnes, comme l’affirme Virginie. De plus, à notre connaissance, il n’y avait aucune action publique et nationale d’ampleur qui s’organisait en Suisse, alors qu’à l’international, et particulièrement au Royaume-Uni, les appels à rassemblement et mobilisations se sont rapidement multipliés.

La COP 26 Coalition, collectif composé d’ONG, de syndicats, d’associations et d’individus pour la justice climatique, a initié une journée mondiale d’actions le samedi 6 novembre. Les militantes rappellent aussi que la catastrophe écologique ne connaît pas de frontières et qu’il faut donc s’organiser en conséquence pour y répondre à l’échelle nationale et internationale, pas uniquement locale… S’il faut penser global, les actions du récent réseau écosocialiste suisse, quant à elles, se dérouleront bien localement (voir le programme ci-contre). Selon Virginie et Annika, l’une des pierres angulaires de la mobilisation est l’enjeu central de construire une éducation populaire autour de l’écosocialisme.

De futures perspectives écosocialistes ?

Pour les deux militantes, cette mobilisation écosocialiste n’est qu’une première étape. Même si les perspectives écosocialistes sont encore difficiles à esquisser, un consensus se dégage autour de l’enjeu des futures réformes des retraites (AVS 21, puis la LPP 21). Il faudrait faire exister une perspective simultanément féministe, écologiste et anti-productiviste, solidaire et internationaliste contre ses réformes.

D’après Virginie, il conviendrait également d’y imposer – à cette occasion et à d’autres – des revendications transitoires, en rupture avec les partis sociaux-­démocrates, les appareils syndicaux et les secteurs les plus réformistes des mouvements sociaux. Même si ceux-ci seront hégémoniques dans certaines des futures échéances politiques, il est nécessaire de participer à des fronts larges, mais sans taire publiquement nos divergences programmatiques et stratégiques.

Cela pourrait permettre la construction de ponts entre les secteurs les plus anticapitalistes de toutes ces composantes. En guise de conclusion, c’est un appel à un (ré)engagement collectif au sein des mouvements sociaux, après une période sanitaire difficile… il est, encore et toujours, trop tard pour être pessimiste ! L’avenir sera écosocialiste ou il n’y en aura pas.

Steven Tamburini
Sur la base d’un entretien avec Annika Lutzke et Virginie Bertoncini