Reprenons la ville»

Et si habiter signifiait plus que vivre entre quatre murs ?

Comment envisager les luttes anticapitalistes pour l’espace dans un contexte local ?

L’entrée du quartier occupé de Clendy-dessous
L’entrée de la friche urbaine de Clendy-Dessous

C’est équipé·e·s de pancartes colorées que quelque 250 manifestant·e·s se sont élancé·e·s dans les rues yverdonnoises pour finir leur course dans la friche urbaine de Clendy-Dessous, entre les voies ferroviaires et la route cantonale. Au terme de l’action, le quartier destiné à accueillir un large projet immobilier public-privé aussi rentable que monotone sera déclaré « quartier libre » et occupé par quelques dizaines de militant·e·s.

Tout en dénonçant l’inadaptation écologique et sociale du projet proposé en partenariat avec le secteur privé par la municipalité rose-verte, les revendications ont su traduire dans les réalités concrètes les thématiques de la gentrification, de l’autonomie alimentaire ainsi que de l’imperméabilisation des sols par l’utilisation intensive de béton ; un rappel flagrant des luttes récentes pour la protection de la colline du Mormont, évacuée en mars passé.

Plus largement, l’action a pointé le manque de recours à des voies démocratiques réellement contraignantes dans le cadre des grandes interventions urbaines. Malgré les tentatives alibis de « consultations citoyennes », la capacité d’influer sur l’espace reste dans les mains du capital et de la finance.

L’occupation d’un tel endroit montre un désir profond de (re)conquête d’un droit à la ville, qui permettrait aux citoyen·ne·s d’opposer leurs besoins, leurs aspirations et leurs affects à la poursuite systématique et égoïste du profit réalisé par les promoteurs en empilant négligemment les étages.

Martin Peikert