Les électeur·trice·s prennent le parti des travailleurs·euses du commerce de détail

Le 28 novembre dernier, les électeurs·trices genevois·es étaient appelé·e·s aux urnes pour se prononcer sur une modification de la Loi sur les horaires d’ouvertures des magasins (LHOM), la septième depuis 1998.

Autocollant contre la prologation de l'ouverture des magasins

Un sujet qui fâche, s’il en est, car foulant au pied l’acceptation du contreprojet à l’initiative « Touche pas à mes dimanches ! » par le peuple, il y 5 ans, le 27 novembre 2016. Ce contre-projet prévoyait l’ouverture de 4 dimanches par an en contrepartie de la conclusion d’une convention collective de travail (CCT) étendue. La négociation de la CCT n’a pas eu lieu. Il lui a été substitué un simulacre de négociation avec une association professionnelle qui n’avait pas même d’affilié·e·s dans le canton de Genève. La volonté populaire a donc été bafouée !

En 2021, le Conseil d’État est revenu proposer le récent projet refusé le 28 novembre par 53,87 % des votant·e·s. Il s’agissait de proposer une fois encore, comme une nouveauté, l’ouverture de 4 dimanches par an, toujours sans contrepartie d’une CCT, mais surtout de faire un pas de plus en matière de dérégulation en repoussant l’heure de fermeture des magasins du samedi de 18 heures à 19 heures. Le peuple n’en a pas voulu.

Divers arguments fallacieux ont été avancés pour justifier cet acharnement contre les horaires d’ouvertures des magasins : volonté de combattre le tourisme d’achat transfrontalier, opposer un rempart au e-commerce, élargir les horaires pour diluer la promiscuité des consommateur·trice·s en contexte de crise sanitaire, voire créer des emplois pour les étudiant·e·s, etc.

Ces arguments ne résistent pas à l’examen, notamment pour ce qui est des achats transfrontaliers. Celles et ceux qui se rendent en France voisine ne le font pas en raison des horaires d’ouverture mais bien parce de nombreux produits sont moins chers. Dans un canton comme Genève, où la pauvreté et la précarité ne cessent de croître, c’est un critère déterminant. La mise en relation entre report sur le e-commerce et les horaires d’ouverture est tout aussi fallacieux. Et ne parlons pas du prétexte douteux de mieux répartir les client·e·s avec une heure d’ouverture supplémentaire, il ne vaut pas même le détour. Quant à la création de postes de travail, c’est un leurre. Les statistiques le démontrent clairement : en 2010, le commerce de détail employait à Genève 20 249 personnes. En 2019 il n’en comptait plus que 14 331 alors que les conditions de travail n’ont cessé de se dégrader.

Les électeur·trice·s en ont eu assez de ces tromperies qui ne servent que les intérêts des grandes surfaces. Une majorité d’entre eux·elles ont encore une fois pris le parti des travailleurs·euses et ont réitéré leur volonté de protéger les conditions de travail de cette catégorie de salarié·e·s.

Jocelyne Haller