Flexibilisation: le bluff des 36 heures
Flexibilisation
Le bluff des 36 heures
Le 3 mars, les électeurs/trices suisses sont appelés à se prononcer sur l´initiative de l´USS dite «Pour une durée du travail réduite». Celle-ci prévoit:
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Aujourd´hui, le temps de travail moyen est de 41,8h. par semaine. L´horaire hebdomadaire maximum légal est de 45h (50h. pour certaines branches). Cela fait donc 2340h. à 2600h. par an (moins les vacances et jours fériés). Le quota d´heures de travail supplémentaire ne doit pas dépasser 140 à 170h. Une semaine de travail ne devrait en aucun cas excéder 66h. Dans le travail au noir, on trouve pourtant des semaines de 92h., ou des périodes de 21 jours de 12h. sans un jour de repos… en violation de la loi et des conventions collectives.
Le marché du travail suisse est ultra-flexible et les infractions à des dispositions légales quasi-inexistantes ne sont guère sanctionnées. Le temps de travail effectif est élevé, pourtant, les heures supplémentaires sont nombreuses (164 millions déclarées en 2000) et de plus en plus non payées ou payées au tarif normal. Il n´existe pas de protection contre les licenciements. Les conventions collectives sont très lacunaires et souvent violées. Le travail au noir se généralise, profitant des statuts les plus fragiles (sans-papiers)… Les temps partiels, plus précaires aussi, montent en flèche, surtout parmi les femmes, etc. Cette pression croissante sur les salarié-e-s a des incidences inquiétantes sur leur état de santé (cf. solidaritéS, n° 3).
En réalité, on estime qu´en Suisse, la productivité du travail a crû beaucoup plus rapidement au cours des années 90, que les salaires réels! La réduction générale et rapide du temps de travail journalier et hebdomadaire, sans réduction de salaire et avec embauche compensatoire, apparaît donc comme une urgence absolue pour l´ensemble des salarié-e-s, surtout en période de reprise du chômage. En même temps, la régulation légale et conventionnelle du temps de travail doit être renforcée, comme le contrôle des pratiques patronales effectives sur le terrain, ce qui suppose un syndicat fortement implanté dans l´entreprise et une solidarité active entre hommes et femmes, de même qu´entre Suisses et étrangers, quels que soient leurs statuts. Ceci implique la conquête de véritable droits collectif réglant le temps de travail.
Or, contrairement à ce que claironnent la presse, les milieux patronaux et l´USS… l´initiative «pour une durée du travail réduite» ne fait jamais mention des 36h. L´argumentaire de l´USS s´en explique clairement: «La détermination de la durée maximale annuelle du travail en lieu et place de l´horaire hebdomadaire renforce le potentiel d´aménagement.» Dans le même esprit, la réduction annoncée est extrêmement lente (sur 8 ans). Le quota d´heures supplémentaires reste élevé et transférable d´une année sur l´autre. Enfin, il n´est pas question de maintenir ou de créer des emplois, sauf dans des cas exceptionnels, avec l´aide de fonds publics. (jb)
Chronique d´une capitulation annoncée
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