La parade, notre histoire

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La parade, notre histoire


Lionel Baier, jeune réalisateur vaudois, a réalisé un film sur la Gay and Lesbian Pride de 2001 à Sion, actuellement sur les écrans romands. Ce documentaire retrace les préparatifs de cette manifestation. Film qui se veut non militant, La parade apparaît progressivement comme un témoignage engagé, une véritable prise de conscience personnelle, qui va impliquer le public dans une même dynamique. Ce faisant, L. Baier rend hommage aux lesbiennes et gays qui grâce à leurs luttes lui permettent aujourd´hui de vivre son homosexualité au grand jour.



Au travers de quelques portraits, L. Baier présente sans condescendance différentes facettes du «milieu», montre les endroits «glauques» dans lesquels se retrouvent parfois ceux qui sont à la recherche du «prince charmant». De même qu´il présente ce qui relie les associations d´homosexuel-le-s, il n´hésite pas à évoquer la réalité du «gay business» et l´absence de solidarité des commerçants qui boycottent la Pride pour cause de refus de chars et de musique techno.



Le cinéaste remet en cause le mythe d´une communauté homogène, prend conscience du fait qu´il a lui-même intériorisé l´homophobie, dont il dénonce l´ampleur dans la population et aborde les diverses manières de vivre la masculinité. De même qu´il a montré l´homophobie véhiculée par les personnes mêmes qui la subissent, il se retrouve confronté à la misogynie intériorisée par l´une des organisatrices, qui décrit les autres lesbiennes comme peu drôles et affirme se sentir mieux avec les hommes. Avec beaucoup de subtilité, ce film nous rend témoin d´une prise de conscience politique. En présence d´autres militant-e-s, une des organisatrices de la Pride, le réalisateur (et par là le public du film) peuvent faire des liens entre les diverses formes de discrimination: racisme, homophobie, etc. C´est l´occasion aussi pour des militant-e-s anti-racistes de se rendre compte que leur mouvement n´a jamais intégré cette question.



À la fin, on se rend compte que dans une région, où il est particulièrement difficile de vivre au grand jour son homosexualité, la manifestation prend toute sa dimension militante. Ce qui s´est passé durant les mois qui ont précédé a été déterminant, notamment pour le Valais. Jamais ces dernières années, une Pride n´avait autant permis de débattre publiquement. L´image d´une société soi-disant tolérante a été sérieusement ébranlée. Il y a encore du travail et les militant-e-s d´extrême gauche, les anti-racistes, les féministes, toutes celles et ceux qui se battent pour une autre société doivent soutenir les droits des lesbiennes et des gays dans tous les domaines de la société.



Nadia LAMAMRA et Magdalena ROSENDE