Le mouvement ouvrier britannique résiste à Blair

Le mouvement ouvrier britannique résiste à Blair

Lors d’une conférence spéciale, tenue vendredi 6 février à Glasgow, le syndicat britannique des transports (Rail and Maritime Transport Union – RMT) vient de prendre la décision de ne pas céder au dernier chantage du New Labour de Tony Blair.

C’est en effet par une très large majorité, de 42 voix contre 8, que les délégué-e-s des 65000 membres de ce syndicat ont maintenu sa décision de principe d’autoriser ses sections à soutenir des partis politiques autres que le New Labour, et qui défendent réellement les travailleurs-euses, en l’occurrence nos camarades du SSP écossais, ceci malgré les menaces d’excommunication et d’expulsion du parti «travailliste» proférées par la direction de ce même parti.

Un lien plus que centenaire

En effet, les syndicats britanniques sont traditionnellement «affiliés» au Labour, parti qui est, à l’origine, une émanation de ces mêmes syndicats. C’est d’ailleurs précisément le syndicat britannique des cheminots, devenu depuis le RMT, qui a proposé en 1899 la création du «Labour Representation Commitee» qui s’est transformé en 1906 en parti travailliste britannique.

Alors que les politiques néolibérales du New Labour de Blair s’opposent frontalement aux intérêts des travailleurs-euses, en poursuivant et en approfondissant l’offensive des années Thatcher, on a vu un mouvement croissant de renouveau syndical, de luttes parfois très dures et l’émergence d’une nouvelle génération de syndicalistes qui ne sont pas prêts à avaler la pilule néolibérale.

En matière de transports par exemple, le parti de Blair n’a ni renationalisé les chemins de fer, ni abrogé la législation antisyndicale thatchérienne, mais a au contraire mis à l’ordre de jour de nouvelles privatisations, comme celle du Métro de Londres par exemple. Blair vient d’ailleurs de jouer sa majorité aux communes – réduite pour l’occasion de 161 à 5 voix – pour faire passer envers et contre tout un projet d’introduction de taxes universitaires massives, élitaires et antidémocratiques. Sans parler de l’allégeance servile du Premier ministre britannique à la politique criminelle de guerre dictée de la Maison Blanche…

Chantage pour le fric

Conséquence de ces politiques réactionnaires, avec son secrétaire général Bob Crow, le RMT par exemple a sabré le financement traditionnel du Labour en réduisant la contribution de ce syndicat de 112000 livres sterling annuellement à 12500 livres. Cerise sur le gâteau, ce sont, 5 sections régionales du RMT en Ecosse qui ont décidé l’an dernier – avec l’autorisation des instances nationales du syndicat adoptée à une majorité écrasante – d’apporter leur soutien et de s’affilier au Scottish Socialist Party (SSP).

Selon le quotidien Guardian du 7 février le nombre de membres individuels encartés au parti de Tony Blair a chuté massivement, de 400000 environ en 1997 à 250000 aujourd’hui, rendant d’autant plus intéressants les apports de fonds d’origine syndicale, ceci à un moment où la question de la désaffiliation du Labour se pose dans nombre d’autres syndicats, notamment celui des Pompiers (FBU) où elle est à l’ordre du jour d’une conférence nationale en mai à la demande de nombreuses sections.

La direction du parti blairiste a donc tenté la voie de l’intimidation et du chantage, c’est par 33 voix contre 2 qu’il a adopté, récemment, l’ultimatum concernant l’expulsion du RMT.

Ce n’est qu’un début…

Mal lui en a pris, la direction nationale du syndicat fort de 250000 membres représentant les travailleurs de la Communication (CWU) vient, dans la foulée de cette affaire, de prendre position en condamnant la décision du New Labour d’expulser le RMT et, en Ecosse toujours, à la veille de la conférence du syndicat des transports, l’une des plus grandes sections régionales du CWU, qui représente 4500 travailleurs-euses de la poste: facteurs, buralistes et employé-e-s des centre des tri… a, quant à elle, aussi a pris la décision à une très large majorité de s’affilier au SSP.

Commentant la décision du RMT, le président du New Labour Ian McCartney déplorait une décision qui privait le syndicat de la possibilité pour l’un ou l’autre de ses représentants de «s’asseoir à table avec le Premier Ministre et le Vice Premier Ministre…» dans le cadre du National Policy Forum du parti gouvernemental. Et en effet, cette chaise là restera vide… C’est une bonne nouvelle pour tous ceux qui cherchent à construire l’unité la plus large dans la résistance au rouleau compresseur néolibéral!

Pierre VANEK