Austérité de droite, austérité de gauche

La droite neuchâteloise ne rate pas une occasion pour rogner les conditions de travail dans le secteur public. Mais elle n’est pas la seule.

Des manifestants avec une banderole contre la réduction du congé maternité dans la cour du Château de Neuchâtel
Rassemblement dans la cour du Château de Neuchâtel, 7 décembre 2021

Saisissant l’occasion d’une adaptation du règlement de la durée du congé-maternité pour les employé·e·s du canton (y compris dans l’enseignement), le bloc de droite veut réduire la durée du congé-maternité payé de 4 mois à 3,7 mois (soit 16 semaines). Argument imparable, l’alignement sur le secteur privé. Selon les partisan·e·s du libéralisme, l’égalité est toujours à réaliser en péjorant les conditions de travail. Peu importe que de grands employeurs du secteur privé (Migros, Lidl, Philip Morris, UBS, CS) accordent des durées plus importantes. 

Stigmatiser les « avantages » pour les employé·e·s de la fonction publique est un combat permanent pour les partisan·e·s du moins d’État. Ici, l’économie budgétaire est anecdotique. Mais le principe reste toujours le même. Le service public, et donc l’État, est trop dépensier et demeure la première cible lorsqu’il s’agit de proposer des mesures d’économie. Et en premier lieu sont visés les budgets alloués aux employé·e·s. Les syndicats appellent à une manifestation pour s’y opposer le 25 janvier (voir agenda).

Austérité de gauche 

Ce dogme libéral est aussi adopté dans certaines occasions par des exécutifs à majorité rose-rouge-verte dans le canton de Neuchâtel. Ainsi l’exécutif de la ville du Locle a proposé de supprimer l’actuelle prime d’ancienneté pour le personnel communal, décrite comme « un anachronisme hérité du siècle passé ». À la recherche d’économies pour leur budget 2022, l’exécutif et le parlement de « gauche » ont appliqué la même recette libérale, réduire la masse salariale des employé·e·s. 

Certes, la forme est un peu différente. La ville du Locle a « discuté » de cette infime économie (2 ‰ du budget) avec des syndicats et donné la « garantie » de maintenir la progression salariale. Quel accord ! Continuer à appliquer une obligation légale (le paiement des salaires avec l’échelle salariale en vigueur) en échange d’une économie sur la prime de fidélité. Les partis majoritaires PS-Verts-POP peuvent ainsi dénoncer bruyamment l’austérité de la droite au niveau de l’État et l’appliquer au niveau communal ! 

Quel sera le prochain « anachronisme » ? Ce n’est pas ainsi que la mobilisation contre toutes les attaques aux conditions de travail et de traitement va se développer. L’argument du « moindre mal » peut alors être invoqué dans d’autres circonstances. Les concessions appellent d’autres concessions et affaiblissent la résistance des salarié·e·s contre toutes les attaques aux conditions de travail. La liste des « dernières concessions » est très longue. Et aucune d’elle n’a jamais bloqué les politiques d’austérité.

José Sanchez