Mendicité

Cachez cette pauvreté qu’iels ne veulent pas voir !

Une femme Rrom tient une pancarte "mendier n'est pas un crime"
Manifestation contre l’interdiction de la mendicité Lausanne, 2018

Le Grand Conseil s’est penché en décembre sur deux projets de loi traitant de la mendicité : le premier, déposé par le groupe EàG, requérait la mise en conformité du droit genevois avec l’arrêt de la Cour européenne des droits humains (CEDH) et donc l’annulation de l’interdiction de la mendicité. Malheureusement ce texte a été rejeté au profit d’un deuxième projet de loi déposé par le PLR qui modifiait la loi genevoise afin de rendre l’exercice de la mendicité impossible : il s’agit de mettre en œuvre une forme d’exclusion territoriale interdisant la mendicité dans toutes les zones où elle pourrait avoir un sens et être rentable. 

Ce projet de loi est d’une hypocrisie pendable car elle rend la mendicité impossible tout en feignant de se conformer à l’arrêt de la CEDH ! Un amendement de dernière minute, déposé par un député PDC, a même ajouté l’interdiction de mendier devant les lieux cultuels et donc, de fait, une interdiction de mendier devant les églises : dont acte.  

Le projet PLR a pour conséquence d’infliger de lourdes sanctions – pécuniaires, mais aussi peines de de prison – à des personnes au seul motif d’avoir mendié. Or, c’est précisément ce que la CEDH a reproché à Genève et à la Suisse. Les débats au Grand Conseil se sont sinistrement distingués par une stigmatisation des personnes qui mendient, les accusant de tous les maux et criminalisant la mendicité. 

Cette modification de la loi sur la mendicité portée par la droite et l’extrême droite tourne en dérision l’arrêt de la CEDH, c’est une honteuse démonstration de mauvaise foi. L’association Mesemrom a d’emblée annoncé qu’elle ferait recours contre cette loi. 

Jocelyne Haller