Pour une rupture avec la politique des petits pas

Nous sommes aux derniers jours de plusieurs mois de campagne pour les élections cantonales. Quel bilan tirer et quelles perspectives se dessinent pour solidaritéS Vaud et la coalition Ensemble à Gauche ? Entretien avec Gabriella Lima, l’une de nos deux candidat·e·s au Conseil d’État vaudois.

Portrait de Gabriella Lima avec une pancarte "non à la guerre en Ukraine"
Gabriella Lima, candidate au Conseil d’État vaudois

Quel bilan tires-tu de la campagne pour les élections cantonales ?

Je pense que nous pouvons nous féliciter. Nous avons mené une bonne campagne dans les villes de Lausanne, Vevey et Yverdon, avec une participation active de nos militant·e·x·s et candidat·e·x·s sur les stands. Grâce à leur engagement, nous avons pu porter nos revendications au-delà des débats télévisés, en allant régulièrement à la rencontre de la population. 

Nous avons aussi bénéficié d’un plus grand intérêt médiatique en comparaison aux précédentes campagnes. C’est en partie le reflet de l’écho croissant que rencontrent nos idées au sein de la population, et des mouvements sociaux dans lesquels nous les portons. Cela s’est vu lors des dernières élections communales, à l’occasion desquelles nous avons pu augmenter notre nombre de sièges. Nous espérons que cette tendance se poursuivra au niveau cantonal le 20 mars prochain. 

Quelles revendications ont été particulièrement mises en avant ?

Notre slogan de campagne était « urgence climatique, urgence sociale : sortons du capitalisme ». Dans l’esprit de celui-ci, nous avons principalement défendu notre initiative pour la gratuité des transports publics, une mesure radicale qui permet d’aller vers une diminution de l’utilisation de la voiture, tout en faisant économiser une part importante du budget des ménages. En plus de cette mesure, nous avons proposé :

  • Un salaire minimum de 4500 francs par mois, pour redonner du pouvoir d’achat aux travailleurs·euses précaires
  • Des loyers abordables et une caisse maladie unique et publique avec des primes proportionnelles au revenu, pour s’attaquer aux principales sources de dépenses des ménages

Sur le plan écologique, nous avons défendu l’approvisionnement du canton à 100% d’énergies renouvelables d’ici 2030, tout en insistant sur la nécessité de réduire notre consommation d’énergie. C’était également l’occasion de rappeler que nous devons décroître dans toute une série de secteurs nocifs pour l’environnement.

Finalement, l’une de nos revendications phares était de faire payer les vrais coupables de la crise climatique: les multinationales pollueuses. Parce qu’il faut chercher les moyens de concrétiser une transition écologique juste et solidaire, nous avons revendiqué non seulement la fin des allègements et déductions fiscales pour les grandes entreprises et les multimillionnaires, mais aussi un impôt climatique progressif sur le bénéfice de ces entreprises et sur les grandes fortunes.

Quelles pourront être les premières batailles parlementaires d’Ensemble à Gauche au Grand Conseil pour la prochaine mandature ?

En matière d’écologie, il y a un combat à mener pour la transition énergétique. Parce que l’énergie la moins polluante est celle qu’on ne consomme pas, nous devons miser sur la sobriété énergétique, notamment à travers l’isolation des bâtiments, l’interdiction des écrans publicitaires ou encore l’illumination des magasins la nuit. 

De plus, il faut prendre au sérieux les revendications de la Grève Féministe, et pousser pour l’introduction d’un observatoire cantonal des violences ainsi qu’un programme de prévention obligatoire dans les écoles du canton. 

Finalement, il y a une urgence à combattre les discriminations racistes en relayant les revendications du collectif Kiboko et exiger justice pour Nzoy. Il est scandaleux de constater qu’il y a à peine quelques mois un policier a abattu un homme noir à la gare de Morges, et les autorités politiques ne semblent pas s’en soucier. La problématique du racisme structurel et des violences policières a complètement été évacuée du débat politique et médiatique durant ces élections.

Quelles perspectives vois-tu pour la coalition Ensemble à Gauche pour les années à venir ? Quelles batailles politiques la gauche radicale doit-elle mener dans le canton ?

La coalition Ensemble à Gauche est un outil très important pour la coordination des forces de la gauche de la gauche qui proposent une rupture avec la politique des petits pas menée par le gouvernement actuel. Nous vivons dans une période de guerres, de crises multiples, dont l’ampleur des défis rendent indispensables l’unité de la gauche et de toutes les forces progressistes et démocratiques. Nous devons donc non seulement poursuivre une collaboration étroite avec nos alliés, mais aussi miser sur la construction de cet outil dans d’autres villes du canton. 

En termes de batailles défensives, nous devons nous mobiliser massivement contre la réforme des retraites AVS 21. Et sur le plan offensif, s’engager dans les collectifs locaux pour construire la Grève Féministe de 2023 partout où c’est possible. Il faut aussi suivre l’exemple du canton de Genève et réfléchir au lancement d’une initiative pour un salaire minimum cantonal. Selon moi, c’est une priorité, car la grève des livreurs·euses de Smood a montré à quel point la précarité est encore trop présente dans le canton. 

Propos recueillis par Guillaume Matthey

La droite défend encore et toujours les intérêts du patronat

Mardi 15 mars, le Grand Conseil vaudois a refusé deux objets déposés par notre camarade et député Hadrien Buclin : une motion pour l’introduction d’un salaire cantonal minimum de 23 francs par heure ainsi qu’une initiative parlementaire pour une loi d’harmonisation des horaires d’ouverture des magasins.

La motion pour l’introduction d’un salaire minimum, largement inspirée du projet genevois entrée en vigueur en novembre 2020, a été refusée par 73 voix contre 54, avec 4 abstentions.

Le Parlement a également refusé, par 70 voix contre 40, une initiative parlementaire déposée en février 2020 pour une loi d’harmonisation d’ouverture des magasins qui visait à stopper la tendance à la déréglementation des horaires d’ouverture constatée ces dernières années dans le canton. Cette déréglementation constitue une attaque directe sur les conditions de travail des salarié·e·x·s de ce secteur, majoritairement des femmes, pour servir les intérêts des grands groupes de vente.