Droit de manifester

Nos droits valent plus que leurs profits!

Du 17 mars au 30 mai 2020, les manifestations politiques étaient interdites en Suisse par l’Ordonnance relative au coronavirus du Conseil fédéral. Suite à une plainte de la CGAS (la faîtière syndicale genevoise), la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) vient de condamner la Suisse. 

Manifestants sur la place de la gare de Lausanne
Certain·e·x·s participant·e·x·s à la manifestation 4 m2 contre un retour à l’anormal du 4 mai 2020 ont reçu des amendes.

L’interdiction générale de manifester a en effet été une restriction inacceptable d’un droit fondamental, particulièrement nécessaire dans la situation exceptionnelle du premier semi-confinement. Alors que les magasins restaient ouverts sans obligation pour la clientèle de porter un masque et parfois sans même la possibilité pour le personnel de se protéger. Les salarié·e·x·s ne pouvaient manifester pour réclamer une protection de leur santé. De même, les travailleur·euse·x·s ne pouvaient exiger la suspension des activités non-vitales particulièrement exposées. Les situations d’oppressions, elles, n’ont pas été mises en pause durant la pandémie, mais tues. 

Alors que la pandémie était l’occasion d’une remise en question générale du système capitaliste, celle-ci n’a pas pu prendre place dans l’espace public.

Les syndicats n’ont pu défiler le 1er mai, la Grève pour l’Avenir prévue le 15 mai a été repoussée, les personnes assises dans des carrés de 4 m2 contre un retour à l’anormal ont reçu pour beaucoup des amendes, et les Critical Mass à Genève ont été sévèrement réprimées. Face à une droite qui s’est battue contre les fermetures d’établissements et autres mesures touchant à ses intérêts, tout en profitant de la situation pour restreindre le droit de réunion et d’expression de la population, l’arrêt de la CEDH rappelle que santé publique et droits démocratiques doivent aller de pair ! 

De véritables droits démocratiques ne sauraient non plus dépendre du bon vouloir des autorités. Contre la répression judiciaire, la Coordination genevoise pour le droit de manifester se bat pour passer d’un régime d’autorisation à un régime de notification. Dans cette optique, les syndicats genevois appellent à défiler le 1er mai 2022 sans autorisation. De grands pas pour le droit de manifester en perspective !

Teo Frei