Guerre aux spéculateurs !

Manifestants contre la spéculation sur les matières premières
Manifestation contre le sommet des matières premières, Lausanne, 2017_gustave-deghilage

Pourquoi les prix du gaz et du pétrole augmentent-ils ? Alors qu’il n’y pas de pénurie annoncée, comment expliquer les augmentations vertigineuses de ces dernières semaines ? Les contrats avec la Russie se font sur de longs termes, de plusieurs années. Une fois la matière fossile arrivée en Europe à prix fixe, ce sont les spéculateurs, compagnies pétrolières, gazières et traders qui font la loi.

Toutes ces sociétés profitent de la crise actuelle pour augmenter leurs profits, déjà faramineux en 2021. Car le fameux « marché » est constitué en définitive par des capitalistes qui fixent arbitrairement leurs prix de vente en fonction de leurs intérêts financiers et ceux de leurs actionnaires. Les « marchés » ne sont pas anonymes.

La guerre sert aussi de justification pour présenter un nouveau scénario, au nom de la souveraineté nationale et comme conséquence des futures sanctions à la Russie. La carte de l’approvisionnement de l’Union européenne sera sensiblement modifiée. Le gaz russe sera remplacé par du gaz liquéfié (GPL). Cette transformation nécessite de construire des infrastructures de liquéfaction, de transport et de distribution. Les investissements annoncés sont gigantesques.

Or, cela revient à financer le maintien de la production et de la consommation d’énergies fossiles. Vu l’importance des sommes investies, les capitalistes vont vouloir les rentabiliser et donc les prolonger le plus possible. Une stratégie en contradiction avec la réduction des énergies fossiles.

Ce nouveau virage est inadmissible et révèle l’ardeur des grandes compagnies pétrolières et gazières à faire perdurer un modèle économique qu’elles maîtrisent et qui leur convient parfaitement en leur assurant une rente régulière

Le 3e volet du rapport du GIEC est clair : tous les financements disponibles doivent servir à assurer une réduction massive des émissions de carbone. Ceux-ci doivent servir à développer les énergies renouvelables, assurer une indépendance énergétique (solaire, éolien, hydraulique) et accompagner l’assainissement des infrastructures, comme l’isolation thermique des logements et la reconversion des secteurs économiques indésirables et polluants. 

Laisser aux capitalistes la maîtrise de l’agenda de la transition énergétique équivaut à regarder la catastrophe advenir. Pour avoir une chance de l’atténuer, il faut au contraire de nouvelles institutions publiques, transparentes et démocratiques. Non pas construites sur le modèle bureaucratique des institutions de l’Union européenne. Mais sur un modèle participatif, démocratique et fédéraliste, au service des besoins de la majorité des populations.

Les multinationales pétrolières et gazières sont responsables des hausses des prix, tout comme elles sont responsables du dérèglement climatique. Par conséquent, ces compagnies doivent payer la facture de ces crises. À court terme, les États doivent instaurer un blocage des prix pour éviter une catastrophe sociale provoqué par une envolée de l’inflation. Celui-ci doit être payé par les profits et les réserves de ces compagnies. 

Une autre guerre, moins spectaculaire qu’en Ukraine, a été déclenchée par les vautours du capital. Contre cette agression sociale et climatique, nos capacités de mobilisation, de rassemblement dans la rue et sur les lieux de travail, seront essentielles. Notre qualité de vie et notre avenir en dépendent.

José Sanchez