Ensemble à gauche pour un salaire minimum légal

Le 10 mai, Ensemble à Gauche Vaud (Décroissance alternatives, solidaritéS Vaud, Solidarité & Écologie) a appelé à la constitution d’un comité unitaire pour une initiative pour un salaire minimum légal dans le canton de Vaud.

Une manifestante tient une pancarte "Patron file-moi du pognon"
Manifestation contre AVS 21, Berne, septembre 2021

Pour Ensemble à Gauche, le contexte est favorable au lancement d’une telle initiative pour au moins quatre raisons. 

D’abord, cette mesure a montré qu’elle pouvait être plébiscitée par les votant·e·x·s. Une initiative lancée en 2008 par solidaritéS Vaud, le POP et quelques organisations a certes échoué en 2011, mais de très peu (48,89 %). Depuis, plusieurs autres cantons ont emboîté le pas, si bien qu’aujourd’hui Neuchâtel, le Tessin, Bâle-Ville, le Jura et Genève disposent d’un salaire minimum légal. 

Ensuite, cette mesure est rendue plus nécessaire par la pandémie de Covid qui a précarisé un nombre important de travailleur·euse·x·s et qui a mis en évidence que les activités les plus essentielles sont souvent les moins bien payées. Après avoir aidé les entreprises durant la crise, il faut maintenant les contraindre à garantir des salaires permettant de vivre dignement.

S’ajoutent à cela l’ampleur du problème des bas salaires et la faible protection des travailleur·euse·x·s au pays de la paix du travail. La proportion de « bas salaires » dans le canton de Vaud est importante (près de 15 %) et augmente ces dernières années. De nouvelles formes de précariat apparaissent, comme les livreur·euse·x·s des plateformes (sur Smood, voir les nº 398 et 404). Et les CCT ne suffisent pas, puisque seule la moitié des travailleurs en bénéficient et qu’une partie d’entre elles ne prévoient même pas de salaire minimum.

Enfin, parmi les travailleur·euse·x·s à « bas salaires », 65 % sont des femmes. Or, après le 14 juin 2019 où des dizaines de milliers de femmes ont manifesté pour mettre fin aux discriminations dont elles sont victimes, améliorer les salaires de ces travailleuses apparaît à Ensemble à Gauche comme un pas concret vers l’égalité salariale.

Un salaire digne

Toutefois, cette proposition n’est pas nécessairement bien perçue, notamment par les grands partis de gauche de gouvernement et les centrales syndicales. Il est important de rappeler que l’USV et le PSV, par exemple, s’étaient prononcés contre un salaire minimum légal en 2011. Certes, ces organisations ont depuis révisé leur jugement, mais il y a fort à parier qu’elles ne se battront pas pour un salaire minimum le plus élevé possible. Unia s’était prononcé en faveur de cette initiative il y a trois ans mais, même après le Covid et la grève des livreur·euse·x·s de Smood, continue de traîner les pieds sous prétexte que le salaire serait une chasse gardée des syndicats. 

Ensemble à Gauche est résolu à défendre une amélioration concrète des conditions des plus bas salaires, mais devra batailler dans le futur comité unitaire pour assurer un salaire minimum légal qui permette effectivement de vivre dignement.

Guillaume Matthey