Une histoire de la Suisse réellement existante
À la suite à de la retraite de l’historien neuchâtelois Marc Perrenoud, un ouvrage compile les thématiques traitées par son auteur durant 40 ans : de la place financière à celle des réfugié·e·s.
C’est un collectif ad hoc qui a remis, le 15 octobre 2021, ce recueil d’articles publié (à l’insu du récipiendaire !) par les Éditions Alphil. Né en 1956 au Chambon-sur-Lignon – son père, pasteur, enseignait au Collège cévenol – Marc Perrenoud vécut, de 1965 à 1968, en Algérie (pays que sa mère avait quitté après la répression par l’armée française des manifestations anti-colonialistes du 8 mai 1945). En 1968, sa famille s’établit au Locle.
Après des études d’histoire à l’Université de Neuchâtel, Marc Perrenoud participa (1981-2016) à l’édition des Documents Diplomatiques suisses (13 volumes). De 1997 à 2001, il fut conseiller scientifique de la Commission indépendante d’experts Suisse – Seconde Guerre mondiale, dite « Commission Bergier ». Il a soutenu en 2008, à l’Université de Genève, une thèse de doctorat, publiée ensuite par les Éditions Antipodes sous le titre Banquiers et diplomates suisses (1938-1946). Ayant collaboré à diverses publications (dont le Dictionnaire historique de la Suisse) et rédigé de nombreux articles (cf. sa bibliographie), il était jusqu’en 2021 chercheur au Service historique du DFAE.
Marc Perrenoud appartient à une génération d’historien·ne·s, marginale en Suisse, héritière du renouveau historiographique qu’ont impulsée les mouvements de 1968. À ce titre, il a traité des sujets aussi variés que l’histoire du mouvement ouvrier, l’immigration et la politique migratoire, les relations économiques et financières de la Suisse, la place financière suisse, la politique d’asile et les réfugié·e·s, l’histoire des Juifs et de l’antisémitisme ou encore l’historiographie et les conditions de la recherche historique en Suisse. Les thématiques abordées concernent aussi bien « celles et ceux d’en bas » que « ceux d’en haut », donnant ainsi une vision globale de la Suisse « réellement existante ». Si le volume de l’ouvrage peut parfois faire hésiter à entreprendre sa lecture, chaque texte peut se lire indépendamment des autres.
Hans-Peter Renk