Stop aux violences de genre aux frontières de l’Europe

Nous reproduisons ici une version abrégée du communiqué de presse de Feministasylum qui lance une pétition pour faire reconnaitre les questions de genre comme motifs légitimes pour demander l’asile. 

Remise d'une pétition féministe au parlement européen
Remise de la pétition munie de 39 093 signatures au Parlement européen, Bruxelles, 18 mai 2022

Soutenue par 260 organisations de 19 pays européens et par une centaine de personnalités du monde culturel, sportif et politique – dont les eurodéputé·e·s Diana Riba i Gener, Malin Björk et Miguel Urban – cette pétition munie de plus de 39 000 signatures tire la sonnette d’alarme. 

Les femmes qui prennent la route de l’exil – seules ou avec leurs enfants – pour fuir un mariage forcé, éviter des mutilations génitales, se protéger d’un compagnon violent ou échapper à des menaces de mort en raison de leur orientation sexuelle, subissent aujourd’hui souvent des violences lourdes aux frontières de l’UE. Elles sont exposées au trafic d’êtres humains, sont refoulées illégalement ou réorientées en vertu d’accords iniques vers des pays qui ne reconnaissent pas les violences sexistes : « en Grèce, […] j’ai été détenue secrètement, attachée et battue par la police des frontières…J’ai été repoussée 6 fois [vers la Turquie] en essayant de trouver une protection en Europe. » témoigne Parvin A., qui précise avoir quitté son pays parce que « en tant que femme, toutes les lois en Iran étaient contre moi. » 

Un calvaire sans fin

Celles qui parviennent à entrer dans l’Union européenne sans mourir sur le chemin de l’exil imaginent atteindre la fin de leur calvaire et accéder enfin à leur droit à une protection internationale dans des conditions d’accueil bienveillantes et dignes. Des milliers de témoignages se recoupent et l’attestent : au lieu d’obtenir la protection internationale indispensable à laquelle elles ont droit, de nouveaux obstacles les attendent. « À mon avis, c’est aussi une forme de violence si l’Allemagne veut me renvoyer en Croatie, où j’ai vécu les pires violences de ma vie. Je veux vous demander de changer le système de Dublin et de protéger les femmes et les enfants de ce type de violence. », plaideNahid A, une jeune fille afghane de 15 ans, victime de plus de 25 push back à la frontière entre la Croatie et la Bosnie où elle a dû affronter la violence policière avec deux enfants plus jeunes, sans ses parents qu’elle a perdus en route. 

Depuis la signature en mai 2011 de la Convention d’Istanbul, adoptée par la plupart des pays de l’espace Schengen, les violences fondées sur le genre sont reconnues comme des motifs de persécution donnant droit à une protection internationale (art. 60 et 61) au sens de la convention de Genève adoptée 60 ans plus tôt, en 1951. Mais il ne suffit pas de ratifier des conventions : il s’agit de les appliquer ! C’est ce que demande la pétition européenne pour toutes les réfugiées qui cherchent protection et sécurité en Europe, d’où qu’elles viennent. 

Feministasylum