Personnes en situation précaire condamnées à la rue

Le collectif 43 m2 lutte pour le maintien de capacités d’accueil durant l’été. Les autorités refusent d’entrer en matière

Pancarte avec le slogan "aucune personne à la rue"
Montage des abris dans les jardins de la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL), 30 mai 2022

À la veille du 1er Mai, un collectif de soutien aux sans-logis installait dans l’enceinte du Palais de Beaulieu un campement provisoire. Il était destiné à recevoir la bonne centaine de personnes rejetées à la rue à l’issue de la fermeture par la Ville de Lausanne de deux sites d’hébergement d’urgence prévus pour l’hiver : le Répit, organisé par la Fondation Mère Sofia, et un immeuble de l’Avenue de la Borde géré par la Ville de Lausanne avec le soutien du Canton. Très rapidement un déploiement important de forces de police a contraint les membres du collectif 43 m2 à l’évacuation, sans proposition de la part de la Ville quant à un lieu de réinstallation.

Dans les jours suivants, des négociations ont été engagées aussi bien avec la Ville qu’avec le Canton. En jeu : l’ouverture de l’une des halles nord de Beaulieu selon le dispositif testé avec succès par la Fondation Mère Sofia pendant les deux hivers précédents. Refus municipal aussi bien que cantonal : « il n’y a pas d’argent » ! Résultat : installation dans le jardin de l’HETSL.

Politique des riches

Cette réaction négative est d’autant plus surprenante que, ces deux derniers étés, plusieurs interventions au Conseil communal de la part des représentant·e·s d’Ensemble à Gauche et des Vert·e·s avaient eu pour conséquence le maintien estival des structures d’accueil de nuit et de jour. Le souhait de la pérennisation du dispositif avait été clairement affirmé par plusieurs résolutions acceptées par une large majorité du Conseil. 

Le refus communal et cantonal d’entrer en matière est surtout choquant quand il oppose à un accueil digne des personnes condamnées à la rue un niet d’ordre financier. Rappelons-le : non seulement le Canton s’est payé le luxe d’une version vaudoise de la RIE 3 et a imposé une baisse d’impôts dans les communes. Mais surtout il encourage l’achat d’appartements notamment par de très riches oligarques russes, soucieux d’échapper au (faible) contrôle exercé par les banques quant à leurs placements en Suisse. De là un parc immobilier surdéveloppé, à des prix spéculatifs, avec des appartements souvent vides.

Indécence

De fait, l’argent est là, ne serait-ce que par le biais d’une imposition un peu plus équitable, et les possibilités de logement abondent. À l’égard des plus pauvres, les réponses de la Municipalité de Lausanne et du Conseil d’État sont tout simplement indécentes. Rappelons la formulation de l’article 33 de la Constitution vaudoise (du 14 avril 2003) : « Toute personne dans le besoin a droit à un logement d’urgence approprié et aux moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine ».

Claude Calame