Vers la Marche Mondiale des Femmes en Galice

Vers la Marche Mondiale des Femmes en Galice

Les prochains 22 et 23 mai 2004, aura lieu en Galice une importante mobilisation européenne de la Marche Mondiale des Femmes où sont attendues quelque 20000 femmes. Nous revenons ici sur les principaux objectifs de ce rassemblement.

La Coordination Europénne a été sensibilisée par deux motifs pour choisir la Galice comme lieu de rencontre et de mobilisation. Le premier concerne la catastrophe du Prestige en novembre 2002. Durant les débats, il s’est avéré que le soutien des forces mobilisées contre ce désastre était indispensable. Les femmes de la Marche tiennent en effet à marquer leur solidarité dans le combat pour la réconnaissance de leurs droits. Par ailleurs, les représentantes galiciennes ont su défendre le besoin de décentraliser l’action, dans des pays qui situent traditionnellement le pouvoir économique et politique au centre, pour la replacer en périphérie. La Galice est un pays sans Etat propre, sans droits reconnus, et qui vient de souffrir l’une des catastrophes écologiques majeures de ces derniers temps.

La Marche reconnaît avoir peu développé son discours par rapport à la défense de l’environnement. Or, la Galice est actuellement la région d’Europe où se focalise ces préoccupations avec une actualité dramatique et où l’on peut traiter ce thème en profondeur. La rencontre aura lieu à Vigo, ville située au sud de la région, tout près de l’océan Atlantique. Ce sera aussi une façon symbolique d’envoyer nos propositions aux femmes des autres continents.

Avec le slogan «Pour une Europe de toutes, differentes oui, inégales non», la Marche espère répéter, en Galice, la grande manifestation des femmes qui a reunit plus de 50000 personnes de 172 pays, à Bruxelles, en octobre 2000. La Coordination Nationale Galicienne est formé de 36 organisations, et les objectifs de cette prochaine rencontre seront: la lutte contre la pauvreté et la violence. Ces organisations ont élaboré plusieurs revendications basées sur les conclusions d’une analyse à propos de la situation des femmes dans la societé galicienne. Ce document dénonce les politiques économiques et sociales qui engendrent la dégradation de la vie des femmes dans le monde et en Galice en particulier.

L’émigration et la Galice

La Galice a souffert d’un sous-développement industriel, dont les effets se prolongent encore actuellement. Sa population est principalement rurale, composée de petits propriétaires. Cette situation n’a pas permis d’occuper sur place une population croissante. Depuis le XVIIIe siècle, elle a donc provoqué de grands flux migratoires. L’émigration outre-mer a été particulièrement forte dans les années 1920-1935. Mais à partir de la Seconde guerre mondiale, elle s’est principalement orientée vers les pays industrialisés d’Europe ou vers d’autres régions espagnoles. L’émigration galicienne a été spécialement forte parmi les hommes, provoquant un déséquilibre démographique et économique considérable. Il en est résulté un vieillissement accéléré de la population et un déclin de la productivité du travail. Dans ce contexte, les femmes ont du assumer des charges familiales très lourdes, qui leur ont barré l’accès au marché du travail.

Femmes galiciennes et travail

En Galice, les lois discriminent les femmes paysannes, notamment par le fait qu’elles rencontrent beaucoup de difficultés dans l’accès aux droits d’exploitation agraire. Les femmes sont les premières a être touchée par la politique de limitation de la production imposée par l’Union Europénne. De plus, le secteur de la pêche est une ressource importante pour l’économie galicienne. Beaucoup de femmes travaillent dans la collecte des coquillages (87%), ainsi que dans la fabrication des filets. 87%. La législation les discrimine particulièrement. Par contre, les hommes passent beaucoup de temps dans les embarcations en haute mer, ce qui justifie que l’on appelle «veuves de vivants» les femmes mariées passant la moitié de leur vie seules.

Plusieurs secteurs industriels et professionnels employant majoritairement des femmes (conditionnement, textile, alimentation, hôtellerie, nettoyage): ils leur proposent des contrats à temps partiel et de courte durée. Plus particulièrement, l’industrie du textile tire ses bénéfices de l’économie développée dans des coopératives et des ateliers clandestins. En outre, cette industrie menace de licenciement leurs employées, si elles revendiquent leurs droits professionnels.

Féminisation de la pauvreté

En Galice, la féminisation de la pauvreté, mais aussi la marginalisation et la précarité professionnelle sont de dures réalités. L’Espagne détient le record européen du taux de chômage le plus élevé: 11,4% face au 8,1% de la moyenne européenne. De plus, le taux de chômage des femmes s’élève à 16,1%, alors que celui des hommes est deux fois plos réduit (7,8%). En Galice, le taux de chômage masculin est de 9,8% contre 20,8% pour les femmes. Les contrats précaires de l’économie clandestine – avec les plus bas revenus de la région – touchent principalement chez les femmes. Plus de 80 % des bénéficiaires du RISGA (Rente d’intégration sociale galicienne) sont des femmes. Les jeunes femmes de moins de 30 ans représentent 25% des sans emplois de la région. En milieu urbain, le taux est plus élevé, provoquant davantage de prauvreté chez les femmes. Le travail domestique continue a être du domaine presque exclusif des femmes. En Galice, un tiers seulement des places de gériâtrie recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé sont disponibles. L’aide à domicile pour les persones malades ou handicapées est inexistante…

En choisissant la Galice, la Marche Mondiale des femmes n’a fait que réaffirmer la nécessité de se rapprocher de la dure réalité que vivent les galiciennes. Elle tient à montrer que son combat est basé sur la solidarité et l’engagement collectif de toutes et de tous pour qu’un autre monde soit possible.

Araceli VARELA SÁNCHEZ
Maria CASARES