Néolibéralisme(s)

L’ouvrage de l’historien canadien Quinn Slobodian Les Globalistes : une histoire intellectuelle du néolibéralisme, dont la publication date de 2018 et qui se voit enfin traduit en français, rend compte de la généalogie de cette idéologie. 

Si les livres sur le néolibéralisme ne manquent pas, celui-ci a la particularité de mettre en lumière le rôle ignoré de l’école de Genève, un groupe d’économistes et juristes ayant travaillé à Genève au fil du 20e siècle, qu’il s’agisse de ses hautes écoles ou de ses organisations internationales. Son représentant le plus connu est l’Autrichien Friedrich Hayek, qui se trouve également à l’origine de la création du think tank transnational de la Société du Mont-Pèlerin. 

Malgré des sensibilités hétérogènes, l’école de Genève est réunie autour d’une idée centrale : l’ordre économique mondial a besoin de règles et d’institutions supranationales qui puissent protéger la propriété privée et le libre-échange en limitant la portée des législations nationales – et de la démocratie.

Slobodian nous signale ainsi, au fond, ce que le néolibéralisme n’est pas. En effet, certain·e·s opposant·e·s à ce projet politique ont parfois pu le définir comme un « anarchisme de droite », termes choisis pour illustrer le fait que les néolibéraux·ales chercheraient à s’émanciper de l’État pour s’en remettre complètement au marché. En réalité, en mettant en lumière l’école de Genève et son héritage bien vivant, le livre de Slobodian rappelle qu’il s’agit, pour les disciples (et bénéficiaires) du néolibéralisme, de défendre les conditions cadres (politiques, juridiques, institutionnelles) les plus favorables à l’accumulation du capital et de limiter les effets de la résistance que leur opposeraient les 99 %. Rings a bell ?

Margaux Lang