Pas de maçons, pas de maisons !

Travailleurs, travailleuses, ouvriers, ouvrières : l’heure est à la mobilisation ! Sous prétexte de modernisation de la convention nationale de la construction, le patronat n’a qu’un mot à la bouche : flexibilisation !

Un maçon en grève montre son t-shirt avec le slogan "Plus de protection. Contre le vol d'heures" à Genève
La manifestation du 7 novembre à Genève

 Il fut un temps où on osait espérer que modernité, dans le monde du travail, rimait avec amélioration des conditions de travail : moins de pénibilité, réduction du temps de travail et conciliation de la vie privée et vie professionnelle. En 2022, pour le patronat, modernité rime avec flexibilité, avec pour conséquences des journées plus longues, du travail sur appel, des horaires imprévisibles et dictés à court terme selon la volonté du·de la patron·ne.

Partir avant le réveil et revenir après le couchage des enfants, c’est ce que vivent les maçons quotidiennement. Que propose le patronat pour améliorer les conditions de leurs employé·e·s ? Rien de moins que la suppression des dispositions en vigueur sur le temps de travail pour pouvoir mettre en pratique des journées de 12 heures et des semaines de 58 heures. Cela deviendra la réalité moderne des maçons. Et pour couronner le tout, le patronat conditionne les augmentations salariales à l’acceptation de ces conditions de flexibilisation du travail.

Résister à la cupidité patronale

Face à l’arrogance du patronat et aux attaques contre leur santé et leur dignité, les maçons sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement à Zurich en juin dernier déjà. Ils n’étaient pas moins de 15000 maçons venus de toute la Suisse. Les négociations se sont poursuivies. Les patron·ne·s ont campé sur leurs positions démontrant encore une fois que leurs préoccupations ne sont pas dirigées vers les travailleurs·euses mais bien sur leurs profits ! 

Les ouvriers·ères ont alors voté massivement pour des journées de grève. Celles-ci ont débuté cet automne avec 2500 maçons au Tessin puis 1000 à Bâle et en Argovie. Vient le tour de la Suisse romande. Le 7 novembre, Genève a rougi de colère les rues du canton avec quelque 3000 maçons qui n’ont pas eu peur face aux intimidations, pressions et menaces proférées par les patron·ne·s. Ils étaient 4000 à Lausanne. 

Le 8 novembre, un grand rassemblement a eu lieu à Lausanne. 14 cars remplis de maçons genevois ont rejoint leurs collègues de toute la Suisse romande. Au total, quelque 7000 travailleurs·euses ont défilé fièrement en scandant « pas de maçons, pas de maisons ! »

Le patronat connaît-il la rudesse du travail sur les chantiers 10 à 11 heures par jour ? Connaît-il les douleurs provoquées par la pénibilité physique du travail de maçon·ne ? Non, le patronat ne veut qu’accélérer les cadences pour que ses chantiers se terminent vite et au moindre coût, alors les conditions de travail, de sécurité et de santé des travailleurs·euses passent au second plan. 

Plus d’heures de travail en été, alors que les canicules seront de plus en plus présentes. Des journées et des semaines interminables qui péjorent la vie privée des travailleurs·euses.

Résister aux insultes patronales

Le patronat est prêt à tout pour décrédibiliser le travail de défense des travailleurs·euses en portant plainte pour grève illicite contre les organisations syndicales. Il se paye même des demi-pages dans un journal gratuit pour insulter ses employé·e·s : les maçons sont dépeints comme des fainéants qui veulent être payés sans travailler et sont instrumentalisés par les syndicats.

Quand le bâtiment va, tout va ! Vieil adage qui correspond à merveille à notre réalité de travailleurs et travailleuses, d’ouvriers et d’ouvrières. Si le patronat réussit à démanteler la convention de la construction, qui est l’une des plus solides et protectrices des conditions de travail de Suisse. Pourquoi se s’attaquerait-il pas à la péjoration des conditions de travail de salarié·e·s de secteurs déjà très précaires comme ceux de l’hôtellerie-restauration et du nettoyage ?

Il est plus que jamais nécessaire de rester uni·e·s, de ne pas nous diviser afin de ne pas permettre à la brèche de s’ouvrir. Restons vigilants et vigilantes, luttons ensemble ! La lutte des maçons est notre lutte. La lutte de nous tous et toutes.

Rita B

En 2002, la lutte pour la retraite à 60 ans

 À l’heure des contre-réformes et du passage à 65 ans pour les femmes, il est bon de se remémorer que ces 20 dernières années, le seul abaissement de l’âge de la retraite pour un corps de métier a été le résultat d’une grande lutte menée en 2002 par le Syndicat de l’industrie et du bâtiment (SIB). 

Des manifestations régionales et nationales avaient accompagné des grèves qui avaient paralysé 90 % des chantiers. Résultat : la retraite anticipée entre en vigueur en juillet 2003. 

Les patron·ne·s mettent régulièrement en question son financement et exigent à nouveau un relèvement de l’âge de départ. Cela explique aussi la force des mobilisations actuelles.

JS