Union syndicale suisse
Vif débat sur les retraites
Le 57e congrès de l’Union syndicale suisse (USS) s’est déroulé les 25 et 26 novembre à Interlaken. Nous avons demandé à une camarade déléguée de nous parler des faits saillants et des décisions adoptées.
Quels ont été les points essentiels du congrès ?
Il y en a plusieurs. De façon très claire, on peut dire que la vague féministe de 2019 a marqué les syndicats et a encore un très fort impact à l’intérieur. Beaucoup de femmes étaient présentes, elles ont pris la parole sur tous les sujets, elles ont aussi occupé l’espace visuel par une action des déléguées au moment de la discussion autour d’une nouvelle grève féministe le 14 juin 2023, discussion portée par des femmes très différentes, du point de vue syndical et régional, y compris des femmes migrantes. La Commission LGBT a aussi été visible et a dénoncé le manque d’inclusion de ce sujet par les syndicats, notamment dans les négociations de conventions collectives de travail (CCT). L’importance de ces thématiques féministes constitue une grande différence par rapport aux congrès précédents.
Sur les contenus syndicaux plus traditionnels, les textes sont très consensuels et n’engagent pas beaucoup. Le débat sur la sécurité sociale a été vif.
Peux-tu donner plus d’éléments sur ce sujet ?
Il y a eu une discussion sur le deuxième pilier, qui augure des futurs débats. La proposition de l’intégration du 2e pilier dans l’AVS était malheureusement arrivée trop tardivement pour pouvoir être diffusée largement et par conséquent être portée par davantage de délégué·e·s. Résultat, ces dernier·e·s votent comme des individus et non plus comme des représentant·e·s de collectifs.
Face à cette proposition, y compris sa version la moins contraignante (qui demandait simplement l’étude d’une telle fusion des deux piliers), les instances du congrès et de l’USS sont montées à la tribune pour la combattre violemment.
Beaucoup d’objections à cette fusion étaient basées sur la complexité du changement, voire son impossibilité pour des raisons techniques.
D’autres délégué·e·s pensent que le choix dans les années 1970 du système actuel des trois piliers était une erreur historique et que nous en payons le prix.
C’est donc ce point qui a cristallisé les plus grands désaccords. C’est aussi une des leçons à tirer de ce congrès. Pour de telles propositions, il faut une meilleure coordination des forces qui avancent des propositions aussi radicales.
Pourquoi inviter Parmelin ?
Le conseiller fédéral Guy Parmelin était invité à parler au Congrès, c’est la « tradition » syndicale. Ainsi, des syndicalistes luttant au quotidien contre l’exploitation et pour la justice sociale devraient écouter parler un conseiller fédéral, UDC de surcroît. Un groupe de délégué·e·s, dont de nombreuses féministes se sont coordonnées et ont heureusement quitté la salle au moment de sa prise de parole.
Propos recueillis par José Sanchez