Démasquons l’extrême droite, Qu’elle soit putschiste ou pas
Les similitudes entre l’attaque du Capitole à Washington en 2021 et le saccage des lieux de pouvoir à Brasilia deux ans et deux jours plus tard sont frappantes. Dans les deux cas de figure, deux présidents sortants, Donald Trump et Jair Bolsonaro, qui avaient réussi à forger une alliance réunissant des éléments de la droite classique et de l’extrême droite organisée, avaient refusé de reconnaître leur défaite électorale.
Mais il n’y a pas qu’un effet d’imitation. Certains des conseillers des présidents en question, avaient noués des liens directs. Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, avait explicitement exhorté Jair Bolsonaro à ne pas reconnaître sa défaite. Il avait également reçu l’un de ses fils, Edouardo Bolsonaro.
La fascination de milieux d’extrême droite pour des méthodes putschistes – et, partant, le déni ouvert de la démocratie – a pu être observée dans d’autres pays dans la période récente. Fin août 2020, des Reichsbürger accompagnés d’adeptes de QAnon et d’autres fractions complotistes ont donné l’assaut contre le parlement à Berlin. En France, au printemps 2021, des militaires ont lancé une pétition dénonçant la faiblesse de la République et évoquant les prémisses d’une « guerre civile ». Elle sera signée, selon le magazine Valeurs actuelles qui l’avait publiée, par 300 000 personnes.
L’extrême droite constitue un phénomène politique à la fois international et hétéroclite. Elle représente un alliage de forces idéologiques éparses – courants religieux, mais aussi (néo)païens ; courants qui se disent « nationalistes révolutionnaires » comme nostalgiques des monarchies d’un passé « glorieux ». Dans le cas brésilien, mais aussi, dans une moindre mesure, étasunien, les courants évangéliques fanatisés sont une force importante. Ceux-ci aspirent à l’Armageddon, ce qui renforce les aspects à la fois irrationnels et apocalyptiques du discours ce spectre politique.
La plupart des forces d’extrême droite font preuve d’un aveuglement idéologique volontaire au désastre créé notamment par l’exploitation des ressources en énergie fossile, afin de permettre une fuite en avant de l’accumulation capitaliste. Dans le cas brésilien, il a pris la forme d’un saccage volontaire de l’Amazonie, de ses ressources et des populations dites « indigènes ». L’héritage revendiqué du colonialisme, intérieur ou extérieur, dans la construction historique des États glorifie aussi la loi du plus fort et le mépris envers tout ce qui met en cause les dominants et leur mode de vie.
Si l’extrême droite est hétérogène, elle se nourrit similairement du chaos mondial provoqué par les catastrophes écologiques – auquel elle contribue par ailleurs. Contre le chaos et le désordre, elle promet une illusion de protection par le repli sur des « identités », des communautés imaginaires, dont le fonctionnement fantasmé est celui d’une meute de loup.
Contre l’extrême droite, nous devons développer une lutte spécifique, qui ne se confond pas avec celle – générale – contre le système économique dominant et ses ravages. Cette lutte doit viser à démasquer les fausses « alternatives » portées par l’extrême droite, qui n’est capable de résoudre aucun des problèmes créés par le système dominant (écologique, social…) mais qui les aggrave tous, en attisant les haines et les divisions pour mobiliser.
C’est en démontrant concrètement leur caractère à la fois illusoire et dangereux, que pourront aussi s’affirmer les vraies alternatives à l’ordre dominant : sociales, humanistes, égalitaires et écologiques.
Bertold du Ryon (NPA Paris)