Brésil

Affronter les fascistes, sans trêve ni amnistie

Communiqué du Parti socialisme et liberté brésilien (PSOL) rédigé au lendemain de l’invasion du Congrès national, du Tribunal suprême (TS) et du Palais du Planalto par des milliers de bolsonaristes.

Vue aérienne d’une grande banderole «Democracia e paz»
Manifestation « Pas d’aministie », São Paulo, 10 janvier 2023

Au-delà de la réponse immédiate, il faut prendre des mesures pour contrecarrer les auteurs du coup d’État, les mettre derrière les barreaux et commencer à étouffer ce mal à la racine. 

L’invasion de milliers de bolsonaristes dans les locaux du Congrès national, du Tribunal suprême (TS) et du Palais du Planalto, retransmise en direct sur le réseau national de télévision, est d’une extrême gravité. Ils couronnent une stratégie de coup d’État qui, alimentée par des allégations de fraude électorale, a favorisé le désordre, la violence et le vandalisme. 

La meute a laissé un champ de ruines, saccageant des œuvres d’art, mobilier et locaux. Une action typique des lumpens, dans le sens défini par Marx : des secteurs déqualifiés et marginaux, qui peuvent servir de « chair à cannon » aux élites réactionnaires. 

L’indulgence du gouvernement du District fédéral était évidente, notamment par la nomination du putschiste Anderson Torres à la tête de la Sécurité. Le gouvernement Ibaneis Rocha a volontairement sous-estimé l’ampleur de la marche « folle » de bolsonaristes, qui était pourtant annoncée partout, avec une centaine de bus arrivant à Brasilia. 

Fanatiques aux commandes du coup d’État 

Lula a pris le contrôle de la situation en prenant des mesures telles que l’intervention fédérale dans le District fédéral. Il a dénoncé les putschistes en les qualifiant de « fascistes fanatiques » et a accusé Bolsonaro. 

Lula a eu raison de prendre la main, car Flávio Dino, le ministre de la Justice, a tardé à prendre des mesures. En outre, l’inertie de José Múcio à la tête du ministère de la Défense était patente, lui qui avait qualifié les rassemblements devant le quartier général de « légitimes », déclarant qu’il avait des parents et des amis à l’intérieur des camps – ce qui est inadmissible s’il s’agit de combattre l’extrême droite. 

Múcio a adopté une ligne de conciliation avec les bolsonaristes radicaux. Cette ligne a complètement échoué. Au point que son secrétaire à la communication, Paulo Pimenta, a affirmé qu’il est probable qu’il y ait eu une coopération entre les responsables de la sécurité du Planalto et du Congrès. Le maintien de Múcio à son poste devient intenable. 

De fait, les forces armées se sont également décrédibilisées aux yeux de la population, se montrant incapables de défendre les intérêts du pays. Ceci nous rend plus attentifs à la nécessité de développer une politique à destination des rangs inférieurs et moyens des différentes forces de sécurité. 

L’appel à descendre dans la rue, dans toutes les villes du pays nous a réjoui. Nous devons gonfler les rangs de ces mobilisations, en élargissant et en convainquant les gens de descendre dans la rue, dans une mouvement populaire de rejet des attitudes putschistes, de défense des résultats des urnes et pour la légitimité du gouvernement de Lula. 

Cela se fait en s’appuyant sur la force de la rue, les organisations populaires et leurs tactiques et la nécessité de massifier les mobilisations. Les actions de rue doivent avoir un caractère démocratique et large, dans une unité d’action avec tous les secteurs démocratiques.

Ensemble contre le fascisme 

Au-delà de la réponse immédiate, il faut aller plus loin et agir pour contrecarrer les agents du coup d’État, les mettre derrière les barreaux et commencer à étouffer le mal à sa racine, en profitant de l’énorme répudiation dans toutes les couches de la société brésilienne et même au sein de la communauté internationale. Cela implique d’approfondir la rupture du secret des personnes impliquées et l’arrestation des financiers et autres personnes impliquées. 

Des mesures doivent être prises immédiatement. Arrêter les dirigeants bolsonaristes, révoquer les parlementaires qui ont collaboré, et faire avancer les enquêtes sur des personnalités comme Carla Zambelli et Allan dos Santos, ainsi que sur les dirigeants locaux des caravanes, qui ont déjà commencé à être identifiés. 

Nous rejoignons la députée Alejandra Ocasio-Cortez dans sa demande d’extradition de Bolsonaro. Ce serait le premier pas vers son arrestation, une tâche fondamentale que le PSOL avait déjà demandée. L’arrestation de Bolsonaro est une étape nécessaire, en tant qu’axe d’agitation. Nous avons également défendu une CPI (Commission d’Enquête Parlementaire), dans le District fédéral et dans la Chambre Fédérale, pour élargir les enquêtes, combinée avec la mise en accusation définitive d’Ibaneis. 

Nous continuons à appeler à la solidarité internationale et à organiser le combat dans la rue, avec nos parlementaires, en évoquant la lutte antifasciste. Il n’y aura ni pardon ni amnistie pour les génocidaires et les putschistes mais une mobilisation démocratique maximale. 

Adapté et traduit par la rédaction