Foxconn: la réalité d’une exploitation féroce

Manifestation contre les conditions de travail dans les usines Apple
Manifestation contre les conditions de travail dans les usines Apple, San Francisco, juillet 2014

Le 23 novembre 2022, les ouvriers·ères de Foxconn (groupe industriel, notamment premier producteur d’iPhones au monde), à Zhengzou (Chine), se sont mis en grève. Depuis octobre 2022, l’entreprise appliquait le confinement décrété par le gouvernement chinois. 

Employant plus de 200 000 personnes, ce site est l’une des pires entreprises en termes de salaires (moins de 300 dollars par mois), de conditions de travail et d’exploitation. Le taylorisme le plus féroce (y compris de manière psychologique) y est de mise.

Cette situation n’est pas nouvelle. Foxconn (dont le propriétaire taiwanais, Terry Gou, fut par ailleurs candidat à la présidence de Taiwan en 2019) a fait l’objet d’un ouvrage, publié initialement en 2015 par Agone (Marseille) et réédité en 2022. L’ouvrage – rédigé par un groupe de recherche constitué en 2010 – contient notamment les témoignages éloquents de Yang, travailleur ayant quitté Foxconn ; Tian Yu, travailleuse rescapée d’une tentative de suicide, qui l’a laissée invalide ; Xu Lizhi, un travailleur qui s’est suicidé le 30 septembre 2014. 

Une postface à cette 2e édition, intitulée « Les ombres chinoises de la Silicon Valley », montre la différence entre le « capitalisme décontracté » en Californie et les entreprises délocalisées en Chine, où le syndicalisme existant est domestiqué par le pouvoir en place. À Foxconn, le syndicat officiel est dirigé depuis 2006 par l’assistante personnelle du PDG. Un ouvrage révélateur sur la réalité du « socialisme » chinois.

Hans-Peter Renk