Zéro pub,ça nous ferait du bien !

Une femme dessine sur une affiche de la campagne Zéro Pub
Le public pourra s’exprimer sur les affiches de campagne. À vos stylos !

«Pleurer fait du bien». Et ce n’est pas votre pote qui vous le dit, c’est une caisse maladie. En ajoutant pour vous en convaincre que « les larmes réduisent l’hormone du stress ». Vous ne vous en souvenez plus ? Cherchez un peu, ça va probablement vous revenir… C’est que les pubs restent dans la tête. Surtout les injonctions faussement bienveillantes comme celle-ci. 

Les publicitaires ne reculent devant rien pour attirer notre attention et marquer notre inconscient. En nous montrant ce qu’on n’a pas, la pub crée en nous de la frustration. En survisibilisant des corps correspondant à la norme sociale, elle nous fait ressentir du mal-être. Elle engendre aussi des envies contradictoires. Il faudrait « acheter responsable » et devenir « le maître de la route » en même temps. 

La pub colonise notre imaginaire, notre cerveau associant des mots et des images à des produits. Et pas n’importe lesquels : une enquête a été menée tout dernièrement sur les affiches commerciales en Ville de Genève, et celles-ci mettent surtout en avant les produits alimentaires, en particulier la viande. L’urgence climatique ? Allons plutôt faire des grillades entre ami·e·s, nous martèlent les pubs.

Début 2017, pour des raisons administratives, la population genevoise a goûté au bonheur d’être libérée de la pollution visuelle et du matraquage mental des affiches publicitaires. Sur les affiches vierges ont vite fleuri dessins, poèmes et jolies phrases, car « quand la pub n’est pas là, les cervelles dansent », pouvait-on lire sur un panneau. L’expérience a vite débouché sur une initiative communale, qui après son aboutissement a donné lieu à une saga de six ans aux multiples épisodes judiciaires, les lobbyistes du marketing ayant tenté d’invoquer tous les moyens, notamment la sacro-sainte liberté économique, pour l’invalider. Sans succès. 

L’épilogue aura lieu avec la votation du 12 mars prochain en Ville de Genève. Une des affiches du comité d’initiative représente un dialogue entre deux personnes qui marchent dans la rue. « Tu penses à quoi ? – À rien, et toi ? – Moi non plus.» Dans leurs têtes défilent pourtant les pubs croisées sur leur chemin. Et vous, vous pensez à quoi, maintenant ?

Teo Frei