Angela Davis

Une lutte sans trève

Du 14 au 18 août dernier, France Culture diffusait une série des Grandes traversées consacrée à Angela Davis. Quatre épisodes pour (re)découvrir cette militante et philosophe féministe noire, membre du parti communiste des États-Unis dès la fin des années 60 et des Black Panthers. 

Portrait d’Angela Davis en 1969
Angela Davis lors d’un meeting pour la libération de Huey P Newton, cofondateur du Black Panther Party, Oakland, 12 novembre 1969

Elle grandit à Birmingham, Alabama, dans les années 40 ; sur la colline dite de Dynamite Hill, nommée ainsi en raison des attentats à la bombe commis par des membres du Ku Klux Klan sur les maisons des familles noires. 

Dès son enfance, elle est frappée par les discriminations et les violences, qui structurent la vie des communautés noires, et trouve dans les écrits marxistes une explication aux structures de la domination raciale. Adolescente, elle quitte les États-Unis pour l’Europe, où elle suit les enseignements des philosophes marxistes de la théorie critique, avant de revenir dans son pays natal, en Californie, pour participer aux mobilisations pour les droits civiques à la fin des années 60. 

Elle devient alors l’un des fers de lance et une figure de la lutte pour la liberté et la dignité des noir·e·x·s dans le pays. Elle va notamment ouvertement revendiquer le droit à l’autodéfense et à la violence et subit en retour les persécutions du gouvernement californien. En août 1970, elle figure sur la liste des dix personnalités les plus recherchées par le FBI. Des armes enregistrées à son nom ont été identifiées comme ayant servi à la tentative de kidnapping d’un juge fédéral par Jonathan Jackson, un militant noir dont le frère – membre des Black Panthers – est emprisonné depuis de nombreuses années à la prison de Soledad. 

Elle est arrêtée en octobre 1970 et inculpée pour meurtre et tentative d’enlèvement. Davis passe seize mois en prison avant son procès et acquittement, une période qui dessine les prémices de son engagement anti-carcéral et durant lesquels des comités pour sa libération et celle de tou·te·s les prisonniers·ères politiques s’organisent aux quatre coins du pays et à l’international. 

Un boussole politique

En liant le parcours d’Angela Davis au contexte social et politique de son époque, ce podcast donne à voir la radicalité et le courage de l’engagement sans relâche de la philosophe. On l’entend notamment insister sur l’importance de l’organisation collective et sur la nécessité de penser ensemble les oppressions raciales, patriarcales et de classe

Des années 60 à nos jours, la pensée de Davis a servi et sert encore de boussole politique pour de nombreux·ses militant·e·x·s féministe·x·s, antiraciste·x·s et anticapitaliste·x·s. Diffusé quelques semaines après la polémique initiée en France par la décision de Valérie Pécresse – présidente de la région Île-de-France – de renommer un lycée qui portait le nom de Davis, il nous rappelle également la nécessité de ne jamais baisser la garde face aux adversaires de notre camp social et politique. 

Rosie Moser

«Qui a peur d’Angela Davis?», Les Grandes Traversées, France Culture