Ouvrières en grève dans le bleu de Marseille

La Bande dessinée Belle de mai retrace la grève victorieuse des ouvrières italiennes employées à la manufacture des tabacs de Marseille en 1880.

Un dessin montrant des femmes grévistes
Une case de la bande dessinée La Belle de mai

Dans la Marseille de la fin des années 1880, des ouvrières italiennes employées à la manufacture des tabacs de la ville se mettent en grève pour exiger la fin de la fouille au corps à la sortie des ateliers. Cette mobilisation est portée par des femmes immigrées et précaires, sans expérience syndicale préalable.

Progressivement, elles se constituent en comité de grève, occupent les locaux de leur usine, élargissent leurs revendications, tissent des liens avec des représentant·es de la presse locale et des élus politiques et mènent les négociations avec la direction. Elles expérimentent aussi directement, dans la lutte, une forme de solidarité qui dépasse la seule question du travail salarié pour s’étendre à d’autres dimensions plus intimes, mais tout autant politiques, de leur existence. 

Cette grève victorieuse mais largement méconnue fait désormais l’objet d’une bande dessinée parue aux éditions Futuropolis en août dernier. Le récit historique, centré sur trois des protagonistes de la mobilisation et scénarisé par Mathilde Ramier, se double d’illustrations d’Élodie Durant aux couleurs bleues et blanches qui immergent les lecteur·rices dans les paysages urbains de la cité phocéenne au tourant du 20e siècle. 

Cet album participe à enrichir les connaissances collectives sur les mobilisations populaires féminines passées, encore trop souvent invisibilisées dans la recherche historique dominante. Il fait notamment écho à un ouvrage paru en 2023 aux éditions Libertalia et qui revenait sur la grève des ouvrières des usines de mises en conserve des sardines à Douarnenez en Bretagne en 1924. 

Noémie Rentsch