Covid: quelles nouvelles du monde d’après?
Fin février 2020 les premiers cas de covid-19 étaient déclarés en Suisse. Le 11 mars, l’OMS qualifiait la situation de pandémie mondiale et le 16 mars, le Conseil fédéral annonçait la «situation extraordinaire» au sens de la Loi sur les épidémies, avec la mise en place du premier confinement. Après les applaudissements aux fenêtres, les dauphins remontant le Grand Canal de Venise, les vagues refluant sans fin; qu’en est-il du monde d’après, celui ou plus rien n’aurait dû être comme avant?

Bien que les taux d’infection restent inférieurs comparés au plus haut des pics pandémiques de 2020 et 2021, le virus continue de circuler, accompagné d’autres virus respiratoires endémiques. Les pratiques de solidarité sanitaire – comme le port du masque et les gestes barrières – se sont, elles, progressivement évaporées. Les personnes atteintes de covid long peinent à faire reconnaitre leur statut. L’épidémie aurait pourtant pu ouvrir un débat politique de fond sur la protection collective des personnes vulnérables.
Le dérèglement climatique et la destruction des écosystème se poursuivant, la survenue de nouvelles pandémies est inévitable.
Pour s’y préparer, des espaces de discussion larges et démocratiques doivent se construire incluant patientexs, soignantexs et membrexs de la société civile. Nous devons nous tenir prêtexs pour que les corps vulnérables et marginalisés ne soient pas laissés de côté.
Les mesures prises, plus ou moins contraignantes selon les pays, durant la crise sanitaire ont certes ont montré que quand la situation l’exigeait, l’appareil d’État était capable d’interventionnisme. Perçues comme «en rupture», les mesures déployées, s’inscrivaient dans la continuité des transformations de l’État néolibéral autoritaire.
Les années d’après-guerre ont été marquées par un changement de paradigme dans le domaine de la santé publique, mettant au centre l’autonomie des populations et des collectifs de patientexs, visant à encourager leur capacité d’agir et à tendre vers une démocratie sanitaire.
Depuis le tournant néolibéral, le démantèlement de l’État social, sur fond de crise démocratique en a détourné les fondements émancipateurs pour une conception de la santé considérée comme un «capital», géré par les individus, entrepreneurs d’elleux-mêmes et de leur santé.
Le certificat covid en Suisse ou les auto-attestations de sortie en France s’inscrivent dans cette tendance. Il n’est pas non plus étonnant que dans des États ayant de plus en plus recours à la surveillance et à la répression, les mesures de gestion de la pandémie aient mobilisés les mêmes outils. Pendant ce temps, la casse du système de santé se poursuit.
La gestion de la crise sanitaire par les gouvernements Trump et Bolsonaro ont donné un avant-gout de ce qu’est une conception fasciste de la santé: antiscience, ultra-libérale et empreinte de darwinisme social.
Au-delà de la défense d’un système de santé fort, nous devons, à l’image des luttes contre le VIH ou des collectifs d’autodéfense sanitaire des favela de Sao-Paulo, commencer à nous organiser pour une véritable démocratie sanitaire, solidaire et combative.
Garaa