L’école neuchâteloise n’échappe pas aux ravages des écrans
Dans le cadre de sa campagne électorale, solidaritéS a organisé une table ronde avec trois enseignant·es critiques du tout-numérique à l’école: Sarah Blum, députée POP et enseignante à l’école professionnelle, Manouk Borzakian, géographe, auteur et rédacteur au blog Géographie en mouvement, enseignant CPNE et François Friche, enseignant au lycée Jean Piaget, rédacteur au journal Moins.

Comme partout, à Neuchâtel les écrans débarquent à grande vitesse dans toutes les écoles publiques, les budgets sont votés avec enthousiasme et les enseignant·es se retrouvent face à des élèves scotché·es à leurs écrans. La soirée a été l’occasion de mettre en cause les idées fausses qui circulent massivement pour imposer une éducation par le numérique. 25 millions votés haut la main par le Grand Conseil en 2020, auxquels s’ajoute année après année 1 million pour l’amortissement.
La formation des apprenti·es a notamment été pointée, les enseignant·es s’y retrouvant face à une forêt d’écrans et des élèves incapables de porter la moindre attention à ce qui leur est dit. Des expériences intéressantes ont été relatées: en Suède et en Finlande, 15 ans après avoir passé par cette mode du tout-numérique, on revient aux livres. Les tests PISA ont montré qu’on apprend mieux avec des humains et les médecins ont été entendus.
Un consensus s’est dégagé lors du débat sur la nécessité de mettre un frein à la dynamique enclenchée dans le canton de Neuchâtel.
Le problème n’est pas la nécessaire éducation au numérique, mais l’éducation par le numérique qui tend à faire des enseignant·es des opérateur·ices informatiques et qui développe des élèves en danger de désocialisation et d’appauvrissement intellectuel. Par ailleurs, l’appropriation pédagogique des nouveaux outils numériques par les enseignant·es mériterait également de faire l’objet d’une réflexion collective. Le corps enseignant dispose effectivement de certaines marges pour faire du numérique un outil au service d’un savoir émancipateur.
Les grandes multinationales du secteur informatique ont le bras long, mais nous devons nous poser la question des enjeux sanitaires, sociaux et pédagogiques. La motion populaire du SSP «Pour une éducation numérique plus durable et plus réfléchie» a été acceptée par le Grand Conseil, mais comme souvent, elle traîne dans un tiroir. Il est grand temps de prendre en compte les risques et les dégâts déjà observés de ce numérique à outrance sur l’éducation, la formation et la santé des générations présentes et futures.
Marianne Ebel