Israël
Palestine
Le soutien à Israël se fissure
Depuis quelques semaines, les condamnations des actes d’Israël par des gouvernements occidentaux se multiplient. En Suisse, le Conseil fédéral est mis sous pression. Sans constituer une critique de fond de la politique de l’État colonial, ces critiques ouvrent des perspectives pour les soutiens du peuple palestinien.

En début d’année, une trêve dans la guerre d’Israël contre Gaza avait suspendu le génocide et ouvert l’horizon d’une solution politique et négociée. Mais la puissance coloniale a choisi de briser le cessez-le-feu, de continuer le nettoyage ethnique, redoubler les bombardements, occuper militairement la quasi-totalité de Gaza, bloquer l’accès humanitaire et utiliser la faim et la soif comme armes de guerre.
Depuis quelques semaines, les condamnations des actes et projets israéliens s’accumulent de la part de figures publiques comme de dirigeant·es de plusieurs pays occidentaux. Le verrouillage médiatique se desserre également, avec la publication croissante d’articles et reportages critiques d’Israël. L’hypothèse d’une reconnaissance d’un État palestinien progresse aussi. Des menaces de sanctions ont même été annoncées par la Commission Européenne, suivie par certains pays membres de l’UE, et par le Royaume-Uni.
En Suisse, les pressions à l’encontre du Conseil fédéral se multiplient à plusieurs niveaux. Le 27 mai, une lettre ouverte signée par plus de quatre-vingt personnalités publiques de la communauté juive ou de politicien·nes de gauche, ayant soutenu Israël jusqu’ici, appelle le Conseil fédéral à s’engager davantage pour un cessez-le-feu.
Le Parti socialiste, jusque-là plutôt silencieux, a récolté plus de 130000 signatures en quelques jours contre la menace de nettoyage ethnique. Début juin, une lettre ouverte signée par plus de cinquante diplomates suisses dénonce un «véritable nettoyage ethnique et un processus génocidaire» et critique la position pro-israélienne du conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères. Critiqué par son propre département, Ignazio Cassis refuse encore de s’associer à toute mesure prise contre Israël.
Certes, ces positions sont trop faibles, déclaratives et ne changent encore rien pour la population gazaouie. Certes, elles sont trop tardives. Certes, ce ne sont pas des changements de position sur le fond: pas de reconnaissance des droits à l’autodétermination et au retour des Palestinien·nes, ou du caractère d’apartheid de l’État israélien. Mais alors que le mouvement pour les droits fondamentaux des Palestinien·nes tient bon et se renforce, voir ces fissures apparaître dans le soutien inconditionnel à Israël, tout comme les premières critiques dénonçant les crimes de guerre au sein même de la société israélienne, ouvrent la perspective de la fin de l’impunité de cet État colonial et criminel.
Dans cette période sombre, notre rôle doit être de continuer de soutenir et construire les mobilisations qui durent depuis plus d’un an et demi. Les discours «modérés» ne doivent pas prendre le dessus sur le mouvement qui défend les revendications fondamentales du peuple palestinien. Car ce mouvement est bien vivant et bien déterminé (manifestations, mouvement étudiant, dénonciation pénale contre quatre conseiller·ères fédéraux·ales pour complicité avec la commission d’un génocide, etc).
Nous devons agir sur une ligne de crête: tendre la main à celles et ceux qui ne prennent la parole qu’aujourd’hui, mais aussi montrer leurs contradictions et les pousser à les dépasser. Sans justice, sans droit à l’autodétermination et au retour, sans fin de l’apartheid et de la colonisation, pas de paix.
La rédaction