Des salaires qui fondent au soleil

Alors que le Conseil national piétine les décisions populaires en favorisant les conventions collectives au détriment des salaires minimaux cantonaux, la droite genevoise ouvre une nouvelle brèche pour écraser les droits des plus précaires. Face à cette nouvelle attaque, les organisations du mouvement social organisent la riposte.

Une banderole de solidaritéS lors du cortège du 1er Mai à Genève
Cortège du 1er Mai 2025, Genève

Le 17 juin, le Conseil national a voté la primauté des conventions collectives de travail face aux salaires minimaux cantonaux. En plus de bafouer totalement la voix démocratique des Genevois·es et des Neuchâtelois·es, qui ont choisi d’instaurer un salaire minimum garantissant un revenu digne, cette décision portée par le bloc bourgeois représente une énième agression à l’encontre des travailleur·euse·s. Cette attaque frontale menée au niveau fédéral ne tombe pas du ciel: elle s’inscrit évidemment dans une stratégie générale de remise en cause des conquis sociaux. 

À Genève, cette remise en cause des acquis sociaux est à l’agenda par la modification de la Loi sur les horaires d’ouverture des magasins (LHOM) voulant autoriser davantage d’ouvertures dominicales, notamment les dimanches de fin d’année. Les modifications d’horaires sont extrêmement violentes envers les conditions de travail et de vie du personnel de ces secteurs. Et vont à l’encontre de la volonté populaire exprimée par vote. Cette loi est actuellement ardemment combattue dans la rue par voie référendaire.

Cibler les jeunes et les plus précaires 

Les attaques contre les acquis sociaux passent aussi, depuis plusieurs mois, dans les coulisses du Grand Conseil, par une remise en cause directe du salaire minimum légal. Aujourd’hui, c’est la jeunesse, l’un des maillons les plus vulnérables du monde du travail, qui est ciblée via un projet de loi visant les jobs d’été. En effet, le projet de loi PL 13445 permettrait, si ce dernier était accepté au Parlement, de faire fi du salaire minimum dans le cas des emplois de vacances d’été occupés par des jeunes de moins de 25 ans en formation et pour une durée maximale de 60 jours. 

L’argumentaire brandi par la droite est simple: la mise en place du salaire minimum torpillerait la création de jobs d’été ainsi devenus trop onéreux pour les entreprises. Il y aurait donc moins de petits boulots et les jeunes en pâtiraient. Une affirmation mensongère puisque n’étant confirmée par aucune étude ou donnée statistique. Une pure fabulation sortie tout droit des névroses patronales. La manœuvre est claire: en s’attaquant au salaire de ces jobs d’été, la droite met un pied dans la porte. En prétendant défendre les jeunes la droite entame une offensive plus vaste contre les protections salariales tout en amorçant un glissement vers une remise en cause plus large du salaire minimum. 

Il faut d’autant plus rester vigilant·es que le texte n’est, à ce stade, pas figé. Il est actuellement entre les mains de la commission de l’économie, où il peut encore grandement évoluer. Rien n’empêche un·e député·e – ou même un·e conseiller·ère d’État – de déposer un amendement pour supprimer la limite d’âge dès 25 ans, censée limiter la portée de la dérogation au salaire minimum. 

Dégradation continue des conditions de vie

Cette proposition de loi est évidemment une énième attaque contre la jeunesse, déjà grandement touchée par les plans d’austérité. Cette loi perpétue son appauvrissement général et intensifie la violence économique systémique à son encontre. Les jeunes Genevois·es font face à une dégradation continue de leurs conditions de vie: loyers abusifs, insertion professionnelle compliquée, assurances sociales toujours plus chères. Par ailleurs, la droite oublie (sciemment) que beaucoup de jeunes comptent sur ces jobs d’été pour financer leurs études. Ces derniers étant cruciaux pour celleux n’arrivant pas à boucler leurs fins de mois.

Riposte collective et unitaire

La droite veut parler au nom des jeunes, alors la jeunesse se doit de leur répondre! C’est sur ce constat qu’un comité référendaire, regroupant la CGAS et des organisations de jeunesse (dont la Jeunesse solidaire), s’est déjà créé pour organiser la lutte contre ce projet de loi. Ce qui est sûr, c’est que nos camarades seront présent·es pour s’opposer à ce projet dangereux, précarisant, âgiste et porteur d’une logique néolibérale d’exploitation des plus faibles. C’est, une fois encore,  dans la rue que nous allons nous battre collectivement pour faire échouer cette attaque contre nos conditions d’existence, contre notre dignité et pour faire vaciller la droite en brisant cette énième tentative de piétiner notre avenir.

Luca Califano